Les fans de Garage Rock 60's connaissent, bien sûr, Nuggets, Back From The Grave ou d'autres compilations moins officielles comme Pebbles ou Born Bad. La plupart étant consacrées aux groupes américains, nous allons nous pencher sur ce qui existe pour l'hémisphère sud avec la série en quatre volumes Before Birdmen Flew qui regroupe des formations australiennes et néo-zélandaises restées underground.
L'idée n'est pas de lister tous les groupes présents sur ces albums, comme nous l'avons fait pour les compilations EVA, mais plutôt de faire ressortir les plus excitants (sans que les autres n'aient quoi que ce soit de mauvais).
Ces quatre volumes sont sortis en 2001 sur le label fantôme Vinyl Vengeance. Bonne lecture.
On commence par THE BLACK DIAMONDS et leur titre I Want, Need, Love You, sauvage dans sa composition comme dans la voix du chanteur Glenn Bland, très proto-punk au sens où on l'entend aujourd'hui. Ces « diamants noirs » ont vécu à la dure dans une cité minière australienne, d'où leur nom. On les retrouve sur les volumes 2 et 4 avec See The Way, excellent titre R&B et Not This Time, face B du second single Outside Looking.
THE PURPLE HEARTS, groupe Beat/R&B de Brisbane, a sorti 6 singles entre 1965 et 1967 sur le label indé australien Sunshine Records. Comme The Black Diamonds, il est présent sur les volumes 1, 2 et 4. Tout d'abord avec I'm gonna try et Of Hopes And Dreams And Tombstones, respectivement face B et A du second simple, ensuite avec You Can't Sit Down, cinquième 45 tours sorti en 1967.
Suivent, THE SUNSETS sur le volume 1, et leur titre Beat I Want Love, face B de Love's Face, troisième single sorti aussi en 1967 sur le label indépendant Festival Records. Leur fabuleux The Hot Generation également présent sur ces compilations servira pour le documentaire sur le surf du même nom.
THE POGS et The Pogs Theme valent également le détour. Style Beat, ils ont duré trois ans et sorti quatre singles en 1966 et 67.
Côté Nouvelle-Zélande on découvre THE LA DE DA'S avec Little Girl, single Garage R&B sorti sur le petit label Talent City en 1965. Après quatre albums sur des majors et des changements de line-up, ils se sont séparés en 1975.
DONNIE SUTHERLAND AND THE TITANS sont également remarqués avec No Cheatin', très bon Garage Rock et face B de leur unique single Mocking Bird Hill. Par la suite, Donnie Sutherland est devenu présentateur radio puis télé.
Sur le volume 2, THE VINCE MALONEY SECT joue dans un registre typiquement Garage Punk 60's. Pour les collectionneurs, No Good Without You existe en 7'' et EP. Après la carrière éclair de sa secte, Vince Maloney rejoint les Bee Gees jusqu'en 1970. Il est toujours actif aujourd'hui, à en juger par sa page bandcamp.
Carrière éclair aussi pour THE THROB, groupe Mod/Beat de Sydney qui reprend I Need You des Kinks sur la face A de ce volume 2 et Fortune Teller, titre interprété par les Stones en 1963 sur la face B. Il semble que le groupe n'a sorti que deux singles en 1966.
CHRIS HALL & THE TORQUAYS qui n'a pas dépassé le stade du premier 45 tours, Don't Ask Me Why/A Little Lovin' est apparemment le seul disque sorti par ce gang R&B et c'est la face A qui figure sur le volume 2 de cette série.
Suivent IN-SECT, cinq garçons d'Adelaide (et non Melbourne comme indiqué sur la pochette) qui jouaient un Beat R&B qui rappelle les Easybeats. Un groupe qui a tout de même réussi à sortir un LP en 1966, intitulé In-Sect A-Sides qui contient, en fait, les faces A et B des singles.
Pour terminer ce volume 2, MACHINE GUN KELLY'S REJECTS a retenu mon attention, plus parce qu'il s'agit d'un inédit que par la qualité de la chanson (qui n'est pourtant pas mauvaise). Ce groupe n'a en fait quasiment pas existé, il semble avoir été un coup d'essai du guitariste Rick Morrison (Master's Apprentices) et le titre présent sur cette compilation (et sur d'autres), I'm Going Back, est le seul qui existe.
Un autre groupe de Rick Morrison ouvre ce troisième volume, THE OTHERS, avec Why Can't She Be Mine, une composition bâtie sur des couplets, sans refrain, une partie lead instrumentale au milieu et c'est tout. Etonnant mais largement écoutable, typiquement Garage Punk 60's.
THE ATLANTICS sont presque une anomalie sur cette compilation. Un groupe Surf formé en 1961 et qui existe toujours aujourd'hui ! On est loin des formations éclair qui n'ont duré que le temps d'un single. Come On, le titre présent ici, n'a rien à voir avec de la Surf music, c'est un titre Garage R&B typique des sixties et sacrément bien foutu.
I'll Be There de TONY WORSLEY est un peu atypique puisqu'il s'agit d'un Garage Beat mêlé à du Rhythm n'Blues et c'est un extrait de son deuxième LP. Ne cherchez pas de single ou de E.P., vous ne trouverez pas I'll Be There ailleurs que sur Velvet Waters (and other great songs) sorti en 1965. Worsley était anglais, en fait, et expatrié en Australie, il s'est associé à un groupe instrumental Garage Rhythm n'Blues The Blue Jays. Ensemble, ils ont sorti beaucoup de singles, EPs et trois albums.
Comme évoqué en début d'article, THE SUNSETS ouvrent la face 2 avec le tube The Hot Generation, un véritable hit pour surfeurs qui a servi à un documentaire sur ... le surf !
A retenir également, JIMMY CROCKETT AND THE SHANES et la face A de leur unique single Lovin' Touch/Without Sue. C'est une battle où il était arrivé en finale qui a permis au groupe d'enregistrer ce disque puisqu'il y avait gagné $50 et un contrat d'enregistrement. Après ce disque, sorti en 1965, plus rien.
Un petit tours en Nouvelle-Zélande avec HUBB KAPP & THE WHEELS et I'm happy too sorti en 1965. Parti d'Australie pour s'installer à Auckland cette année-là, le groupe s'appelait The Defenders à ses débuts. Après quelques mouvements de personnel, il revient en Australie en 1966 pour jouer sous son nom d'origine puis se rebaptise Chapter III la même année jusqu'à sa séparation début 1970. Hubb Kapp & The Wheels n'a finalement existé que le temps du single I'm Happy Too.
Autre formation néo-zélandaise, THE FOUR FOURS et le single Beat Go-Go, sorti sur Zodiac Records, label indépendant créé en 1949 et toujours actif aujourd'hui. Entre 1963 et 1967, les « Quatre Quatre » ont enregistré et commercialisé une douzaine de 45 tours avant de se rebaptiser The Human Instinct pour s'orienter vers le rock psyché.
On continue avec DEREK'S ACCENT, sur le dernier volume, qui pourrait presque sonner comme un faux groupe australien puisque son chanteur Derek Fitton est originaire du nord de l'Angleterre (d'où le nom du groupe). Le très Garage Punk Ain't Got No Feeling ouvre donc ce dernier volume de la série sur lequel se trouve aussi Why Do I Cry de VYT AND THE WORLD. Cette face B est une reprise des Remains enregistrée par le lituanien Vyt Zvirzdinas lorsqu'il était en solo, avant qu'il ne forme The World. Les frères Gibb des Bee Gees font les choeurs sur ce single.
Également sur cet album, THE MYSTRYS, Garage band australien aux sonorités psyché avec Witch Girl de 1966 qui semble être le seul single du groupe.
La face B de ce dernier volume débute avec une reprise ultra Punk de Baby Please Don't Go ! par THE MODES. On connaît peu de choses de ces australiens originaires d'une zone rurale proche de la ville de Shepparton, si ce n'est qu'ils participèrent, en 1966, à une compétition nommée 'Hoadley's Battle of the Sounds' créée par le magazine Everybody en 1965. L'enregistrement live ici présent est très certainement le seul témoignage sonore de ce groupe assez rapidement disparu. On le retrouve sur d'autres compilations Garage Punk 60's.
Suivent MIKE FURBER AND THE BOWERY BOYS avec
That's When Happiness Began, face B du second single
You, sorti en 1966 sur le label Kommotion, division de
Sunshine Records sur lequel se trouvaient entre autres The Purple
Hearts dont il est question plus haut et qui sont également présents ici avec la reprises des Dovells, You Can't Sit Down, bien plus Punk que l'original US.
Suivent THE OTHERS, THE THROB et BLACK DIAMONDS, déjà évoqués précédemment, et BARRINGTON DAVIS POWERPACT avec Raining Teardrops.
Au total, 65 pépites Punk, Beat et R&B de l’hémisphère sud qui n'ont pas à rougir face à leurs cousins américains. Pour les collectionneurs, trouver les originaux prendra du temps et demandera un portefeuille bien rempli, pour les autres, cette série fera largement l'affaire. On trouve également beaucoup de ces titres sur les compilations Ugly Things.
Merci à Fernand Naudin pour son texte original.
Dick Kent
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