Accéder au contenu principal

MONSTER STORY : THE HEARTBREAKERS 'L.A.M.F. ' 3 OCT. 77

MONSTER STORY: HEARTBREAKERS 'L.A.M.F.' 3 OCT. '77

Si on s'en tient à la pochette de l'album, ce sont les Heartbreakers qui ont sorti L.A.M.F. ('Like A Mother Fucker'). Le groupe ne s'appelle pas Johnny Thunders And The Heartbreakers ou Johnny Thunder's Heart Breakers comme sur les affiches de l'Anarchy In The UK Tour de décembre 1976, au moment où il a posé guitares et amplis pour la première fois en Angleterre.

Il allait accompagner Sex Pistols, Clash, Damned et Buzzcocks sur une tournée catastrophique à travers le pays. Tout le monde ou presque connait l'histoire, les Sex Pistols viennent de sortir leur premier single chez EMI, ils passent à la TV et, bien imbibés d'alcool, pourrissent la vie du présentateur pour l'éternité. Voyant cela, les organisateurs de la tournée prévue ferment leurs portes aux groupes. Il s'ensuit des semaines d'ennui où quelques dates seulement sont maintenues et entre deux, Johnny Thunders et ses Heartbreakers jouent à Londres, ici et là comme par exemple au Roxy où quelqu'un de chez Track Records, un label indépendant, les remarque. Johnny Thunders et Jerry Nolan - respectivement guitariste chanteur et batteur du groupe - viennent des New York Dolls (qui avaient failli signer chez Track en 1974) et il faudrait être totalement incompétent ou absurde pour ne pas flairer le bon coup au moment où le Punk explose dans la capitale et quelques villes de province.

Un deal est donc trouvé et les Heartbreakers commencent l'enregistrement de leur unique album L.A.M.F en février 1977 aux Essex Studios avec l'ingénieur du son Richard Austen. Moult sessions ont lieu ensuite, dans ces mêmes studios puis aux Ramport Studios et Olympic Sound Studios (propriété de Pete Townsend des Who). Entre temps, le groupe joue live au Speakeasy, toujours à Londres, ce qui donnera les deux albums DTK Live At the Speakeasy en version simple et double set.

Côté studio, les sessions terminées, vient le moment du mixage et c'est là que ça se gâte. Le travail est fait au studio Trident Sound où Bowie et les Beatles sont passés puis aux Adivision Studios. Une quantité industrielle de mixages différents sortent de ces journées de travail et personne n'arrive à se mettre d'accord. Jerry Nolan claque la porte.

L.A.M.F sort le 3 octobre 1977 et le mix final déçoit le groupe. Nolan parti, il est remplacé par le Pistol Paul Cook lors d'un concert à Bristol le 1er octobre. Les Heartbreakers pensent aussi à Rat Scabies des Damned au poste de batteur mais Paul 'Cookie' Pistol fait l'affaire et suit le groupe sur plusieurs dates anglaises.

En plus du groupe qui est déçu du résultat, L.A.M.F laisse les fans un peu sur leur faim. Certains s'en satisfont, d'autres non. Il sera finalement remixé courant 1980 puis sortiront des 'alternative mixes', des 'lost 77 mixes' et tout ce qui peut faire la légende des gangs de la trempe des Heartbreakers, en plus de faire du cash.

Au bout du compte, un LP intitulé L.A.M.F. The found '77 masters voit le jour une première fois en 2021 puis est réédité l'année suivante pour le Record Store Day. Objectivement, je ne peux que vous conseiller cette version qui est au-delà des autres, qui sonne mille fois mieux, même si les fans hardcore et Punks old school préfèrent sans doute l'originale.

En écrivant ces lignes, je réalise que l'histoire des Heartbreakers est très proche de celle des Sex Pistols. D'abord parce qu'il y a Malcom McLaren, apprenti manager des New York Dolls puis des Pistols qui les a fait venir en Angleterre pour participer à l'Anarchy Tour de 1976. Ensuite parce que Steve 'Pistol' Jones est fan de Thunders, mais aussi parce que les dates d'enregistrements et de sortie des albums respectifs, unique pour chacun, coïncident. Les premières sessions ayant commencé, pour les deux groupes, en février 1977 (si on exclue Anarchy In the UK enregistré en 76) pour arriver dans les bacs des disquaires en octobre de la même année (je ne tiens pas compte des sessions démos antérieures à l'enregistrement de l'album). J'ajoute un split inévitable après l'unique LP et l’héroïne qui ravage une partie de l'histoire. Sans parler de l'implication des ex Pistols Cook et Jones sur diverses dates de concerts des Heartbreakers et si je pousse un peu plus loin, pour l'album solo de Johnny Thunders, So Alone.

L.A.M.F. reste une référence Punk et Rock incontestable et il tourne sur ma platine aussi souvent que Never Mind The Bollocks, Young Loud & Snotty et quelques autres disques punks historiques.

Dick 'Motherfucker' Kent




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

THE LIFE AND TIMES OF : THE SEX PISTOLS' SPUNK BOOTLEG

  Spunk : label original SEX PISTOLS : SPUNK  (Blank records, bootleg LP 1977) Les questions posées par les fans et collectionneurs sur les réseaux sociaux m'ont amené à retracer l'histoire du bootleg LP le plus célèbre des Sex Pistols :   Spunk. A l'été 1977, l'album officiel du groupe n'est pas encore sorti et des petits malins - qui possèdent les démos enregistrées par le producteur/sonorisateur Dave Goodman - ne se privent pas pour sortir un des premiers bootlegs du groupe. Spunk  voit le jour en août ou septembre, selon les sources, soit quelques semaines avant l'album  Never Mind The Bollocks . Ce disque est donc un bootleg et n'est absolument pas autorisé, ni par le groupe, ni par son management, même s'il se raconte que le manager Malcolm McLaren n'est pas étranger à l'histoire. D'autres affirment que c'est Dave Goodman, mal payé pour son travail de producteur, qui aurait décidé de se rembourser en vendant cet album.  Original ...

THE LIFE AND TIMES OF : SEX PISTOLS AU LESSER FREE TRADE HALL

En 1976, les Sex Pistols jouent deux fois au Lesser Free Trade Hall de Manchester.  Voici l'histoire de ces concerts accompagnés d'interviews (en anglais) de deux spectateurs, Ian Fawkes et Mick Brophy. Le 4 juin, les Sex Pistols sont invités à jouer à Manchester par Pete Shelley et Howard Devoto, respectivement guitariste et chanteur de Buzzcocks . En panne de section rythmique, le jeune groupe mancunien cède sa place de première partie à  Solstice , une formation Rock très conventionnelle. A l'époque, le punk n'existe pas comme l'explique Devoto : Pete et moi avons vu les Sex Pistols ouvrir pour Screaming Lord Sutch. Le second soir, nous les avons vu jouer avec Mr Big. C'était juste les standards que vous pouviez obtenir dans le circuit universitaire. Solstice n'était pas différent. Il n'y avait tout simplement pas de groupe à mettre ensemble pour une soirée punk à ce moment-là. Ce truc au Lesser Free Trade Hall est parmi les premiers concerts punks*...

MONSTER STORY : BOOTLEGS !

Les premiers disques bootlegs sont apparus avant la fin des années 60, mais le terme pour les désigner est utilisé à partir de ce moment-là. L'histoire commence vraiment en  août 1969 avec la sortie de  Great White Wonder de Bob Dylan , double LP emballé dans une pochette blanche sans aucune inscription. Cette 'Grande Merveille Blanche' est suivie de près par Live R Than You'll Ever Be des Rolling Stones et Flyer de Jimi Hendrix , arrivés fin 69. Flyer de Jimi Handrix. Pour commencer, précisons les différences entre bootleg, pirate et contrefaçon.  Un pirate est, la plupart du temps, une copie illégale d'un disque du commerce avec une pochette différente et parfois des titres en plus ou en moins. Par exemple, le LP Daydream Nation  de Sonic Youth sorti en Russie sur le label tout aussi pirate AnTrop reprend le recto de la pochette d'origine mais pas le verso. Le nom du groupe ainsi que les titres sont écrits en russe et ce n'est qu'un 33 tours   si...