MONSTER STORY : THE STOOGES LIVE 1970
Longtemps, j'ai cherché des bandes live audibles des Stooges enregistrés en 1970. Pour le jeune fan que j'étais, perdu quelque part dans la campagne française, il n'existait que les deux titres du Cincinatti pop festival figurant sur un CD bootleg français, c'était à peu près tout.
En 2010, les labels Rhino et Easy Action eurent tous deux l'excellente idée d'officialiser des enregistrements de juillet et août 70. Pour le RSD, Rhino sortait Have Some Fun: Live At Ungano's et de son côté, Easy Action proposait A Thousand Lights, compilation d'extraits de concerts enregistrés par l'ultra fan Natalie Shlossman, décédée il y a peu. Ce serait d'ailleurs elle qu'on entend au début de l'album live à Ungano's, club de New York où les Stooges ont joué plusieurs soirs d'août pour promouvoir leur tout nouvel album Fun House. Natalie était fan au point de suivre le groupe partout et d'enregistrer tout ce qu'elle pouvait enregistrer. A partir de là, j'ai toujours eu un doute sur l'authenticité des notes de pochettes de l'album sorti chez Rhino qui crédite Dany Fields comme celui qui a enregistré le concert à New York. En effet, A Thousand Lights contient deux titres d'Ungano's crédités à Natalie Schlossman et ils sonnent vraiment beaucoup comme la version du LP de Rhino. A moins qu'elle se soit trouvée à côté de Dany Fields dans le club et que tous deux aient captés les mêmes applaudissements, les mêmes discussions de spectateurs, etc.
Quoi qu'il en soit, ces enregistrements sont très intéressants, même s'ils souffrent parfois de quelques défauts dus au temps et au matériel utilisé. Les Stooges venaient de terminer Fun House et devaient maintenant le défendre sur scène.
Have Some Fun Live At Ungano's contient le premier set d'un concert du 18 août au club Ungano's de NYC. A la fin de la seconde face, on entend Iggy demander au public de patienter une vingtaine de minutes avant que le groupe revienne jouer. Cette première partie de soirée est principalement constituée de titres de Fun House avec un final de dix minutes intitulé Have Some Fun/My Dream Is Dead qui ressemble à un mélange de L.A. Blues, 1969 et d'improvisation assez Punk-Rock pour l'époque. Disponible en CD et LP, les deux versions sont esthétiquement réussies, le vinyle splash est accompagné d'un grand poster imprimé recto-verso.
L'ensemble est globalement très audible et le groupe en grande forme mais il a changé depuis l'enregistrement de Fun House, les frères Asheton et Iggy se sont entourés de Zeke Zettner à la basse et Billy Cheatham à la guitare rythmique afin que Ron Asheton puisse s'exprimer librement sur sa stratocaster. . . Et Dave Alexander n'est plus là, viré apres un concert catastrophique à Jackson début août.
A Thousand Lights offre une vision plus globale de ce que le groupe valait durant l'été 70 puisque l'album débute avec quatre titres à Chicago le 18 juillet suivi de 1970 enregistré au Goose Lake festival de Jackson (Michigan) le 8 août. En face B, deux titres à Ungano's qui, contrairement à l'album de Rhino, sont simplement identifiés par 'New York 1970'. Probablement une façon d'échapper à une demande de royalties. Vient ensuite un aperçu du talent de crooner d'Iggy à Chicago le 18 juillet avec The Shadow Of Your Smile a cappella avant Fun House. Cette seconde face se termine avec les deux titres connus du 13 juin au Cincinatti Pop festival, 1970 et T.V. Eye.
Le son est bon dans l'ensemble et le groupe aussi, il faut dire que les chansons de Fun House ont été jouées des dizaines de fois depuis l'entrée en studio au mois de mai, le groupe est donc très à l'aise, même si, comme nous l'avons vu, il y a eu changement de line-up.
L'objet est sympa, disponible en vinyle noir ou gris ou bien en CD avec les titres dans un ordre différent, les notes de pochette mentionnent que les enregistrements présents sont ceux de Natalie Schlossman. Le LP est bien sorti en 2010 contrairement à ce qu'indique Discogs.
Dix ans après ces deux albums, Third Man Records sortait Live At Goose Lake, le concert du 8 août 1970 au festival international de Jackson. Il s'agit là de la dernière performance d'Alexander en tant que bassiste des Stooges. Trop imbibé ce soir-là, comme malheureusement très souvent, il est viré juste après. La setlist est la même que celle d'Ungano's à la différence que le gig se termine par une version de L.A. Blues assez proche de l'album studio. Dave Alexander est trop soul pour assurer les parties de basse correctement. Dès le début du concert, il joue à côté. Pendant Loose, Iggy crie 'wake up!' pour le réveiller. Ensuite, pendant TV Eye, on entend qu'il s'égare, quand il ne s'absente pas complètement. Heureusement les frères Asheton relèvent le niveau, Scott 'Rock Action' semble même s'énerver sur ses fûts comme pour dire au bassiste 'hey, recale-toi, motherfucker !'. Mais rien n'y fait, Alexander a déjà un pied dans la tombe. Il décèdera cinq ans après, de maladies provoquées par ses abus d'alcool.
Même si j'ai une préférence pour le concert à Ungano's, je considère ces trois albums comme essentiels dans la discographie live des Stooges. Ce sont des documents, des archives qui montrent à quel point ce groupe était bon, contrairement aux accusations des fans de guitaristes pénibles dont le pseudo blues ne dégage aucune émotion.
Cet article est dédié aux frères Asheton, à Dave Alexander et à Natalie Schlossman.
Dick Stooge Kent
Commentaires