Les Sex Pistols se sont reformés l'an dernier sans John 'Rotten' Lydon, le 'pourri' n'ayant pas été convié par ses anciens compagnons d'arme pour participer à de nouveaux concerts. L'idée de cette reformation était d'aider le Bush Hall, une salle de spectacle londonienne assez mal en point financièrement. Trois dates étaient prévues avec un nouveau frontman, Frank Carter, trois concerts à guichet fermé qui ont suffit à convaincre les trois Pistols originaux de faire quelques shows supplémentaires avec lui, jeune chanteur fougueux que personne n'imaginait pouvoir remplacer Johnny Rotten.
Je ne vais pas m'étendre sur le pourquoi de l'absence de Lydon ni juger qui que ce soit. C'est leur histoire, pas la mienne. Je garde simplement à l'esprit que Lydon reste le co-auteur des chansons du groupe, un très bon parolier pour son jeune âge à l'époque, un esprit vif et une figure emblématique du Punk anglais des seventies. Cook, Jones et Matlock sont le noyau dur, l'embryon, ceux qui vont mettre les Sex Pistols sur pied entre 1972 et 1975. C'est leur groupe, celui de personne d'autre et c'est donc eux qui décident de ce qu'ils en font.
Ce 27 juillet, ils jouaient au festival Ecaussystème de Gignac, dans le Lot, à une heure de route de la maison. J'aurais été bien sot de ne pas me rendre sur place pour voir de quoi il en retournait. Et j'ai eu raison de le faire parce que 'Frankie baby' assure vraiment. C'est son surnom, celui que lui ont donné les trois autres. Frank Carter vient du hardcore, tatoué de la tête au pied, c'est une vraie boule de nerfs mais surtout un sacré performer qui n'hésite pas à aller au contact du public, au sens propre.
Après God Save The Queen Symphony, B.O. de The Great Rock N'Roll Swindle, les Sex Pistols débutent le set avec Holidays In The Sun. C'est puissant, les organisateurs ont mis le paquet question sono. Frank Carter chante mieux que Lydon en 1996 et 2007 où le style trop proche de Public Image Ltd ne collait pas vraiment à la musique des Pistols. Seventeen, New York, je me régale, eux aussi. Ils sont là pour se faire plaisir, ça se voit et ça s'entend. Jonesy sort toujours des petits riffs magiques de sa Les Paul, Cook et Matlock sont de vrais métronomes, vraiment carrés. Frank Carter annonce Bodies comme sa chanson préférée (la mienne aussi). Body, I'm not an animal ! Le public jubile, jeunes comme vieux, punks ou pas.
Pour Pretty Vacant, il descend dans la foule, se place au milieu des premiers rangs et demande aux spectateurs de danser en rond autour de lui, un mosh pit en moins bourrin en quelques sortes. Avant de remonter sur scène, il interroge des gosses 'vous faites de la musique? Vous voulez faire un groupe? Faites un groupe Punk !'. Bonne ambiance mais des tensions se font sentir malgré tout, il est obligé de demander au service d'ordre de se calmer, il y a semble-t-il un échange un peu musclé entre la sécurité et quelques personnes du premier rang. Le groupe patiente et Carter tente l'apaisement, 'c'est ok? C'est bon maintenant, vous êtes amis?' s'assure-t-il avant d'enchaîner. Toutes les chansons de l'album sont jouées sauf Submission, dommage, par manque de temps probablement car les concerts s'enchaînent durant ce festival. Les Pistols jouent sur la grande scène et ensuite un autre groupe passera sur la petite à 23h00. Silly Thing et My Way font partie du set, des titres de l'époque post-Pistols, enregistrés pour la BO de Swindle en 78 et qui passent très bien avec le reste.
Satellite est également au programme, face B du single Holidays In The Sun, il devait initialement figurer sur l'album, c'est un excellent titre, parfaitement exécuté ce soir. Une autre face B, No Fun, permet à Steve Jones de s'amuser avec sa pédale Wah-wah, l'ombre de Ron Asheton n'est pas loin, il fait durer le plaisir tandis que Frank Carter invite le public à participer. 'No fun, my babe, no fun...'. Après un God Save The Queen d'anthologie, No Feelings, Problems et My Way, le concert se termine par Anarchy In the UK, repris en chœur par un public conquis. Moment unique, Glen Matlock descend de la scène pour offrir les setlists aux premiers rangs, Paul Cook donne ses baguettes et Jonesy ses médiators. Cool guys.
Oubliez les histoires absurdes de boys band, d'escroquerie et aujourd'hui de tribute band, comme on peut le lire ici et là sur internet et ailleurs. Les Sex Pistols restent un excellent groupe de Rock et je ne serais pas surpris qu'ils retournent en studio un jour ou l'autre pour y enregistrer de nouveaux titres avec Frank Carter. De mon côté, aucun regret, le déplacement valait la peine d'être fait, vingt trois ans jour pour jour après les avoir vus à Londres, j'ai retrouvé un groupe en grande forme et un nouveau chanteur qui fait le job. God Save The Sex Pistols.
Fernand Naudin
Photos (pourries): Fernand Naudin
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