Bright Lights, Big City est sorti en 1973 sur le label US TMOQ (Trade Mark Of Quality). Il occupe une place particulière dans la discographie des Rolling Stones parce qu'il est l'un des bootlegs les plus célèbres et les plus qualitatifs du gang Jagger/Richards, à ranger à côté de LiveR Than You'll Ever Be et Brussels Affair.
Enregistré principalement en studio, de 1963 à 1965, on y entend un groupe mené par la passion de Brian Jones pour le blues et le talent de Keith Richards influencé par Chuck Berry. Le titre de l'album est emprunté au classique de Jimmy Reed, ce qui donne immédiatement le ton: nous sommes ici dans le temple du Chicago Blues et l'avantage c'est que contrairement à certains bootlegs à la qualité parfois discutables, Bright Lights, Big City est excellent du début à la fin.
Les cinq premiers titres sont issus des sessions aux studios IBC de Londres de mars 1963, avec reprises de Muddy Waters, Jimmy Reed, Bo Diddley... L'harmonica de Brian Jones est touchant, il prouve qu'à cette époque, il était le véritable boss du groupe, on sent également l'influence de Bo Diddley dans les rythmes saccadés de certaines reprises, sur Diddley Daddy, par exemple. C'est un document unique qui témoigne de l'alchimie de la formation originelle Jagger, Richards, Jones, Wyman, Watts, sans oublier la présence de Ian Stewart au piano, le sixième Stone. Témoignage également de l'influence de Brian Jones avant qu'il ne soit mis au second plan par le duo de compositeurs Jagger/Richards.
Bright Lights, Big City n'est pas qu'une simple compilation, c'est un document important qui prouve que les Rolling Stones n'ont pas inventé leur style par hasard, qu'ils étaient d'excellents élèves de l'école du blues.
A y regarder de près, la session aux IBC studios de 1963 montre un groupe de fans qui se fait plaisir en reprenant des standards. L'année d'après, lors de l'enregistrement aux Chess Studios, c'est un peu différent, il y a de l'assurance, de la maturité, acquise en seulement un an. Des fans passionnés passés au niveau de professionnels accomplis. Comme me l'avait justement fait remarquer un pote disquaire à qui j'avais acheté la version CD de Bright Lights..., en 1963, les Stones sont chez eux et essaient de recréer le son de l'Amérique avec les moyens du bord, dans un studio anglais. C'est l'époque de la débrouille où ils cherchent encore leur identité sonore. Un an après, chez Chess, ils enregistrent chez leurs idoles (Muddy Waters, Howlin' Wolf). Le son y est naturellement plus gras, plus profond, avec cette réverbération naturelle unique au studio Chess. L'énergie est brute, nerveuse, alors que dans les sessions IBC, ils jouent des reprises pour prouver qu'ils savent jouer du blues et c'est d'ailleurs par leur biais que le blues se fait connaître en Europe.
Le 'petit détail' qui a son importance, c'est le piano de Ian Stewart qui sonne avec une clarté assez incroyable, apportant un côté boogie-woogie au reste.
Ces sessions sont désormais disponibles en officiel, si j'ai écrit à partir du bootleg, ce n'est pas pour promouvoir les disques de contre-bande mais simplement parce que je ne possède rien d'autre. Et puis, depuis longtemps, bootlegs et Rolling Stones vont bien ensemble. Il se raconte que Keith Richards a longtemps collectionné ce support discographique illégal, il aurait même vendu des bandes à certains bootleggers...
Happy birthday, Keith Richards !
Monster On Your Back




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