Accéder au contenu principal

MONSTER STORY - GUILTY RAZORS: GUILTY !


GUILTY RAZORS: Guilty! (Seventeen LP 2006)

Formés à Paris en 1975, Guilty Razors ont laissé une témoignage brûlant de l’histoire du punk français avec 
leur unique EP, Don't Wanna Be A Rich, (en fait, le titre de la face B) sorti chez Polydor en 1978. C'est également l'année de la séparation du groupe devenu culte aujourd'hui, même si certains le considèrent comme une formation de seconde division, au même titre que les Lou's et Electric Callas, et ce, malgré la participation à la compilation Le Rock D'Ici A L'Olympia. Certes, lorsqu'il est question de punk français, les noms de Stinky Toys et Starshooter viennent plus rapidement à l'esprit, mais cela ne prouve absolument pas que ces derniers soient meilleurs...

Guilty! aurait dû voir le jour en '78 si Polydor n'avait pas décidé de rompre le contrat avec Guilty Razors qui, selon certaines rumeurs, passaient plus de temps à mettre la pagaille et se défoncer qu'à promouvoir leur disque. Certaines sources affirment que la plupart des exemplaires du EP, pressé à 8000 exemplaires, furent détruits à cause de ventes catastrophiques (seulement 800 copies écoulées dont un certain nombre en promo radio !). L'histoire du deal avec Polydor est à peine croyable. Guilty Razors veulent aller voir les Stranglers en concert mais sont fauchés comme les blés. Ils décident donc de racketter les passants à proximité de la salle. Coup de bol pour eux, ils braquent le boss de Polydor accompagné d'Alain Maneval. Les deux 'victimes' proposent un contrat plutôt que d'allonger les billets, ainsi naît le deal avec Polydor et la promo que fera Maneval dans son émission Pogo sur Europe 1.

Guilty! est donc un album posthume sorti en 2006 grâce au label parisien Seventeen. C'est un témoignage brut de l'époque punk française, d’une scène encore naissante comparée à l’explosion anglaise, un nouveau mouvement musical et culturel qui affiche la réalité sombre et désenchantée des années Giscard. Enregistré à Paris (face A) et en Espagne en 1978, le genre est brut, Guilty Razors jouent vraiment punk à une époque où certains albums en ont l'étiquette sans en avoir le style. Si on peut trouver un cousinage avec les Sex Pistols et les Damned, ce qui vient surtout à l'esprit c'est la ressemblance avec les Stooges, avec Suicide aussi, par moments, et de manière bien plus évidente, avec Time's Up de Buzzcocks jusqu'au chant de Tristam Nada qui rappelle celui d'Howard Devoto, sans imitation servile, sans cliché.

Pochette alternative
Les titres sont de véritables slogans nihilistes, chargés d'énergie adolescente et de provocation lorsqu'en pleine période punk, Guilty Razors osent reprendre Lucifer Sam de Pink Floyd alors qu'il est devenu de bon ton de détester la plupart des groupes prog'. Mais ce titre appartient à l'époque Psyché du Floyd, et Guilty Razors le savent, ils jouent la même carte que les Damned lorsqu'ils reprennent Arnold Layne des mêmes Pink Floyd. En fait, Guilty Razors semblent se foutre de tout, même si les textes évoquent la culpabilité et la frustration, la révolte politique de gauche parfaitement assumée (Don't Wanna Be A Rich), un cri primal parfois maladroit mais toujours sincère. Ici comme ailleurs, le punk est vécu comme un exutoire, une nécessité pour échapper à l'ennui des late 70's décrit par José Pérez dans le texte qui accompagne l'album: l'ambiance était morne, grise et noire comme un ciel d'orage. Les espoirs et les utopies de la décade précédente avaient laissé place à une réalité âpre et une répression sévère.

La production, minimaliste, renforce le sentiment d'urgence et cette proximité avec Time's UpGuilty! n’est certes pas un disque parfait, mais c’est précisément là que réside sa force, c'est un disque punk et Guilty Razors auront finalement laissé un témoignage honnête et abrasif d’une époque où tout était à refaire.
Un album incendiaire qui rappelle que le punk, avant de devenir un 'art' pour une clientèle de musées, fut une décharge d’énergie, d'adrénaline et de colère brute.

Monster On Your Back

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MONSTER CHRONICLES - SLAMDINISTAS : WILD & RESTLESS

SLAMDINISTAS: Wild & Restless (Rum Bar Records LP/CD avril 2025) Je viens de découvrir ce groupe et cet album grâce à... Voix de Garage ! On ne change pas une équipe qui gagne, n'est-ce pas?  Slamdinistas est ce qu'on a coutume d'appeler un 'super band'  formé de musiciens expérimentés issus de Pat Todd And The Rankoutsiders , Chris Spedding , The Dogs  ou encore Jail Guitar Doors . La collaboration de ces solides gaillards aboutit à un disque au spectre très large. On y trouve du Glam U.S. comme il se faisait dans les années 80, du Punk, du Rock 'californien' qui chauffe comme le soleil sur Pacific Beach et même un titre avec une bonne grosse basse Funk,  Latch Key Kids , qui rappelle beaucoup ce que faisait Paul Simonon avec  The Clash  et les Stones période Some Girls . Du Funk-Rock, si on peut appeler ça ainsi. Et du Rock, il y en a beaucoup dans cet album, suffisament pour y trouver des ressemblances avec  Social Distortion , Ravagers , Neu...

MONSTER STORY - NEW RACE LIVE IN AUSTRALIA

Après la dissolution de Radio Birdman en 1978, les fans n'ont plus grand chose à se mettre dans les oreilles... En 1980,  Deniz Tek et Rob Younger se voient bien reprendre du service sans pour autant reformer leur groupe. L a sortie de Living Eyes , album posthume, est prévue pour l'année suivante et l'idée de rejouer ensemble est suggérée par Angie Pepper, épouse de Deniz Tek à l'époque. Un nouveau groupe et une tournée australienne correspondraient parfaitement avec l'arrivée de Living Eyes dans les bacs des disquaires. Deniz fait alors le tour de ses connaissances pour trouver des musiciens susceptibles de rejoindre le projet.  Dennis 'Machine Gun' Thompson, ex batteur du MC5 et Ron Asheton, guitariste des Stooges à la retraite, répondent présents. Au début, Scott Asheton est pressenti pour assurer la batterie mais en 1980, il joue encore avec Sonic's Rendezvous Band ce qui oblige son frère Ron à contacter Dennis Thompson pour lui proposer la pla...

MONSTER CHRONICLES - THE BRUNETTES : GIRLS AND BOYS

THE BRUNETTES : Girls And Boys (Wednesday Week Records single 2025) Découvert, il y a peu, grâce à un ami sur Facebook, The Brunettes est un groupe d'Orléans 100% féminin. Leurs principales influences sont très Rock, voire Punk-Rock. Voyez plutôt, elles citent les Ramones , Undertones , Lords of the New Church , The Kids , Cock Sparrer , Slaughter on the Dogs , Adicts et reprennent un titre de Screaming Lord Sutch . Elles aiment aussi le Ska, la Soul et les Sixties. Voilà pour le pédigrée. Maintenant, côté single, ça joue bien Punk-Rock old school, avec un zest de Power-Pop et un petit côté girls group 60's qui se marient très bien ensemble. Dans l'esprit, vous dire si elles militent pour la parité homme femme, je ne sais pas, mais le titre de la face A s'intitule Girls et la B, Boys , comme ça, pas de jaloux. C'est leur premier disque et je pense qu'on va en entendre parler assez souvent car elles ne sont pas du genre à rester les deux pieds dans la même Do...

BLOGS ET PODCASTS