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THE LIFE AND TIMES OF : THE SEX PISTOLS - CHALET DU LAC 1976


Les 3 et 5 septembre 1976, les Sex Pistols jouent au club Chalet du Lac du bois de Vincennes. L'événement est organisé par Pierre Benain, journaliste français que Michel Esteban, du magazine Rock News, a présenté au manager des Sex Pistols, Malcolm McLaren. Pierre Benain connaît les nouveaux propriétaires du Chalet du Lac et leur propose donc ce groupe pour inaugurer le lieu. Des invitations sont envoyées à l'intelligentsia Rock parisienne et l'intérieur du club est entièrement refait avant l'ouverture. 

Le 3 septembre, la journée débute mal pour le clan Pistols, le groupe, son manager et les deux sonorisateurs, Dave Goodman et Kim Thraves, manquent leur avion et arrivent en retard à Paris. Pour ne rien arranger, le matériel est retenu par la douane française. De son côté, le Bromley Contingent, groupe de fans de la première heure, fait la route depuis Londres dans le van de William Broad, futur Billy Idol. Susan Ballion qui formera ensuite Siouxsie & The Banshees, est du voyage avec son futur bassiste Steve Severin. Comme à son habitude, elle est habillée de façon provocante, entre look prostituée et maîtresse BDSM. Malcolm McLaren a pris soin d'inviter les journalistes John Ingham et Caroline Coon pour couvrir l'événement, car il s'agit du premier séjour étranger des Sex Pistols.

Le premier concert débute vers minuit, le vendredi 3 septembre. Le lieu est plein à craquer, l'entrée est gratuite et beaucoup espère en profiter. A l'intérieur comme dehors, l'atmosphère est tendue, il y a trop de monde, le public est essentiellement constitué d'habitués du club qui ne connaissent rien des Sex Pistols et ressemblent plus à des fans de John Travolta et des Bee Gees qu'au Bromley Contingent. Les sièges, repeints pour l'occasion, ne sont pas tout à fait secs et certains clients ruinent leurs jolies tenues de soirée ce qui provoque une certain tension qui durera toute la nuit.

Le matériel enfin installé, un animateur beauf en smoking essaie de calmer les spectateurs agacés d'attendre depuis plusieurs heures que les choses débutent enfin. Il faut dire que le concert était prévu à 21 heures et qu'il est plus de minuit. Les Sex Pistols commencent à jouer sans avoir fait de soundcheck et leur style surprend beaucoup, ils débutent par leur instrumental totalement cacophonique, Flowers Of Romance enchainé à Anarchy in the UK, un style Rock très inhabituel pour la faune parisienne. Le reste du set est le même que celui des concerts du mois d'août, comme au Screen On The Green d'Islington par exemple (disponible en bootleg et officiel). Compos et reprises désespèrent une partie du public tandis que l'autre jubile. Johnny Rotten et Steve Jones portent de nouveaux vêtements créés par Vivien Westwood. Aujourd'hui encore, les esprits chagrins y voient une manipulation de marionnettes habillées par une grande styliste. Dans les faits, lorsqu'on veut bien prendre un peu de hauteur, il s'agit uniquement d'une bande de freaks Punks qui s'inspirent les uns des autres, s'échangent des idées et vont de l'avant. A ce moment-là, Westwood est loin de la grande styliste qu'elle est devenue ensuite. Les Sex Pistols et leur entourage changent les choses, redistribuent les cartes jusqu'à la façon d'habiller le Rock britannique, ce que les conservateurs ne veulent pas admettre...

Pascal Regoli, du groupe Angel Face, est présent avec son magnéto et enregistre le concert tandis que Michel Esteban prend des photos. Après No Fun, reprise des Stooges au répertoire depuis leurs débuts en 1975, les Pistols reviennent jouer deux titres, Anarchy in the UK et Did you no wrong avant de quitter les lieux. 

Le lendemain après-midi, le groupe accompagné du Bromley Contingent fait une visite de Paris, guidé par Michel Esteban et Lizzy Mercier Descloux. Ils font une pause en terrasse au café Les Deux Magots, à Saint Germain des Près et à en juger par les photos disponibles ici et là, les passants sont assez intrigués par la tenue de Johnny Rotten. Béret sur la tête, pull rouge trop petit, décousu sur les côtés et troué de part en part, creepers shoes, il est en total décalage avec l'époque. Glen Matlock, bassiste des Sex Pistols, passe un moment chez le batteur des Stinky Toys, cette rencontre débouche sur la programmation du groupe français au 100 Club Punk Special, concerts organisés par Malcolm McLaren les 20 et 21 septembre à Londres.

Le dimanche 5 après-midi, les Sex Pistols rejouent au Chalet du Lac devant un public assez restreint. Seuls quelques spectateurs déjà présents le 3 et des curieux ont fait le déplacement. Le set est plus court que celui du premier soir, il n'y a pas Flowers of Romance et pas de rappel car le groupe doit repartir en avion dans l'après-midi. Michel Esteban est de nouveau présent et enregistre le concert. En septembre 2016, il partage son enregistrement sur internet ce qui donne lieu à la réalisation d'un joli bootleg, double LP disponible en trois couleurs au choix, gris, rose ou jaune accompagné d'un poster et sur lequel se trouve également Did you no wrong du 3 septembre. Vers 2022, un autre bootleg fait surface avec divers extraits de concerts dont les deux rappels du 3 septembre. Aucun autre titre de cette soirée n'est disponible. Interrogé sur le sujet, Pascal Regoli m'a indiqué avoir vendu le master à un bootlegger parisien dans les années 80 et n'aurait pas conservé de copie... De son côté, Michel Esteban projetait de sortir un livre de photos du séjour parisien des Pistols accompagnées de certaines autres prises au Screen on the Green fin août. Ce livre n'a malheureusement jamais pu voir le jour pour des questions de droits à l'image. 

Bootleg avec les 2 rappels du 3 septembre


Set-list du 5 septembre: Anarchy in the UK/I wanna be me/Seventeen/New York/No lip/Stepping stone/Satellite/Submission/Liar/No feelings/Substitute/Pretty vacant/Probelms/No fun.

Bootleg double LP 3 et 5 septembre

Les deux enregistrements montrent à quel point les Pistols étaient bons durant cet été 76, leur Punk-Rock mêlé parfois de Garage et de Rhythm’n’blues était redoutablement efficace. 

Fernand Naudin

 




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