Accéder au contenu principal

HOT OFF THE PRESS : SEX PISTOLS LIVE IN KRISTINEHAMN

HOT OFF THE PRESS : SEX PISTOLS IN KRISTINEHAMN

Lorsque les radars d'internet se sont allumés en fin d'année dernière, je suis resté serein face à l'annonce d'un concert inédit des Sex Pistols au Club Zebra de Kristinehamn (Suède). Un faux avait déjà fait le tour des réseaux de fans en 2015 et s'était avéré être un montage fait à partir d'un autre concert scandinave enregistré depuis le public. Le truc assez courant dans le circuit des bandes live. 

Début 2024, j'étais déjà un peu plus attentif à ce qui se racontait. Quelqu'un avait trouvé la bande master du concert et du soundcheck et la sortie en vinyle était imminente. Il s'agissait d'une prise depuis la console, comme cela était le cas pour d'autres concerts de la même tournée, la chose semblait donc bien réelle. 

Courant janvier, nouvelle alerte, et cette fois les radars n'avaient pas menti, un premier e.p. arrivait en douce, 200 vinyles noirs et 25 magnifiques 'splatter'. Il annonçait ce qui allait suivre, un titre de Kristinehamn en face A et deux titres de concerts déjà connus en face B. Cette première face ne faisait plus aucun doute, il s'agissait bien d'un concert inédit, avec un son incroyablement bon. Tout ce qui s'était raconté depuis deux mois était donc vrai. Puis en février, un superbe double LP décliné en quatre versions différentes arrivait lui aussi sans faire de bruit, 100 roses, 100 jaunes, 100 bleus et 25 'splatter', chacun avec un insert différent. Un des graals du collectionneur de bandes live des Pistols, en quelques sortes (il en existe beaucoup). Le premier LP contient le concert complet au Club Zebra de Kristinehamn, ville tranquille de Suède où les Sex Pistols ont joué le 19 juillet 1977. La set-list est courte, comme pour tous les concerts scandinaves. La raison est simple, le groupe était suivi par une bande de loubards nommés Raggare qui mettaient la zone tous les soirs. 
A Oslo, Rotten avait même pris un cendrier en pleine tête, obligeant le groupe à interrompre momentanément le concert.

Ici, point de cendrier, mais un concert de neuf titres joués à la perfection. Qui a osé raconter que les Sex Pistols étaient un boys band incapable d'aligner trois notes? Tout est en place (même la basse de Sid Vicious, n'en déplaise à ses détracteurs) et le second LP enfonce le clou puisqu'il contient le soundcheck instrumental en face C. Rotten n'y participe pas et grâce à ces versions live, on se trouve face à l'évidence que le groupe était bon, vraiment très bon, à ce moment-là. 
J'ai toujours pensé qu'il y avait eu deux grandes périodes dans les concerts des Sex Pistols des 70's. Une première à l'été 76 avec Glen Matlock (écoutez les bandes du Screen On The Green d'Islington, fin août, ou de Paris début septembre !) et une seconde lors de la tournée en Scandinavie et parfois même après, à Penzance en septembre et Huddersfield à Noël, par exemple.

Ce soundcheck est purement époustouflant, non seulement Sid Vicious et Paul Cook sont des métronomes mais Steve Jones donne tout ce qu'il a dans le ventre et on découvre des parties de guitare surprenantes. La version instrumentale de Problems est absolument géniale ! Bien sûr, on est loin de Jeff Beck et Clapton mais ce n'est pas ce qu'on demandait au groupe (et d'ailleurs, on ne lui a jamais rien demandé, c'est lui qui nous a dicté les règles). 
Cerises sur le gâteau, en face D se trouvent un dernier titre du soundcheck avec Rotten cette fois-ci, Holidays In the Sun, ainsi qu'une publicité radio pour le single du même titre, puis une super interview du pourri à Vaxjo, en Suède, sur la même tournée. La face se termine avec deux titres inédits du concert de Trondheim, le 21 juillet, dont la majeure partie est déjà disponible sur l'officiel Kiss This de 1992. Là, il s'agit de la version complète de God Save the Queen (tronquée sur Kiss This) et Pretty Vacant en rappel. C'est inédit, car le groupe n'a jamais joué ce titre en dernier, surtout pas en rappel, avant cette date (il fera la même chose le surlendemain à Vaxjo). Les Sex Pistols semblent changer d'avis au dernier moment, on entend l'intro de Pretty Vacant avant qu'il joue finalement God Save The Queen. Ensuite, Rotten dit au public que s'il veut un rappel il peut le demander et le groupe revient jouer Pretty Vacant

Pour revenir au soundcheck de Kristinehamn, Rotten se plaint pendant Holidays In The Sun et on peut le comprendre. Il n'a jamais eu le même micro, le même matériel, le même sonorisateur etc durant toute la carrière des Pistols. Il a de quoi être agacé mais a toutefois l'élégance de s'excuser ('je ne veux pas foutre le bordel ni rien mais ça va pas'). 
Conclusion, un double LP qui montre à quel point le groupe était bon contrairement à tout ce que les mauvaises critiques pouvaient raconter à son sujet. Espérons d'autres bonnes surprises comme celle-ci à l'avenir car c'est un vrai régal. 

Face A: Anarchy In The UK / I Wanna Be Me / Seventeen / New York / E.M.I.
Face B: No Fun / No Feelings / Pretty Vacant / God Save The Queen
Face C: Anarchy In The UK / Bodies / Pretty Vacant / Liar / Problems / E.M.I. / No Feelings (instrumental soundcheck).
Face D: Sonet Records advert / Holidays In The Sun (soundcheck with J. Rotten, Club Zebra 19.07.77) / J. Rotten press interview, Vaxjo 23.07.77 / God Save the Queen* / Pretty Vacant* (*Trondheim 21.07.77)

Update 16.04.24 une nouvelle et dernière série de 200 copies en vinyle rouge et noir vient de sortir, après le repress en vinyle vert du mois de mars (200 copies également). 





Fernand Naudin



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

THE LIFE AND TIMES OF : THE SEX PISTOLS' SPUNK BOOTLEG

  Spunk : label original SEX PISTOLS : SPUNK  (Blank records, bootleg LP 1977) Les questions posées par les fans et collectionneurs sur les réseaux sociaux m'ont amené à retracer l'histoire du bootleg LP le plus célèbre des Sex Pistols :   Spunk. A l'été 1977, l'album officiel du groupe n'est pas encore sorti et des petits malins - qui possèdent les démos enregistrées par le producteur/sonorisateur Dave Goodman - ne se privent pas pour sortir un des premiers bootlegs du groupe. Spunk  voit le jour en août ou septembre, selon les sources, soit quelques semaines avant l'album  Never Mind The Bollocks . Ce disque est donc un bootleg et n'est absolument pas autorisé, ni par le groupe, ni par son management, même s'il se raconte que le manager Malcolm McLaren n'est pas étranger à l'histoire. D'autres affirment que c'est Dave Goodman, mal payé pour son travail de producteur, qui aurait décidé de se rembourser en vendant cet album.  Original

THE LIFE AND TIMES OF : SEX PISTOLS AU LESSER FREE TRADE HALL

En 1976, les Sex Pistols jouent deux fois au Lesser Free Trade Hall de Manchester.  Voici l'histoire de ces concerts accompagnés d'interviews (en anglais) de deux spectateurs, Ian Fawkes et Mick Brophy. Le 4 juin, les Sex Pistols sont invités à jouer à Manchester par Pete Shelley et Howard Devoto, respectivement guitariste et chanteur de Buzzcocks . En panne de section rythmique, le jeune groupe mancunien cède sa place de première partie à  Solstice , une formation Rock très conventionnelle. A l'époque, le punk n'existe pas comme l'explique Devoto : Pete et moi avons vu les Sex Pistols ouvrir pour Screaming Lord Sutch. Le second soir, nous les avons vu jouer avec Mr Big. C'était juste les standards que vous pouviez obtenir dans le circuit universitaire. Solstice n'était pas différent. Il n'y avait tout simplement pas de groupe à mettre ensemble pour une soirée punk à ce moment-là. Ce truc au Lesser Free Trade Hall est parmi les premiers concerts punks*

MONSTER STORY : BOOTLEGS !

Les premiers disques bootlegs sont apparus avant la fin des années 60, mais le terme pour les désigner est utilisé à partir de ce moment-là. L'histoire commence vraiment en  août 1969 avec la sortie de  Great White Wonder de Bob Dylan , double LP emballé dans une pochette blanche sans aucune inscription. Cette 'Grande Merveille Blanche' est suivie de près par Live R Than You'll Ever Be des Rolling Stones et Flyer de Jimi Hendrix , arrivés fin 69. Flyer de Jimi Handrix. Pour commencer, précisons les différences entre bootleg, pirate et contrefaçon.  Un pirate est, la plupart du temps, une copie illégale d'un disque du commerce avec une pochette différente et parfois des titres en plus ou en moins. Par exemple, le LP Daydream Nation  de Sonic Youth sorti en Russie sur le label tout aussi pirate AnTrop reprend le recto de la pochette d'origine mais pas le verso. Le nom du groupe ainsi que les titres sont écrits en russe et ce n'est qu'un 33 tours   si