Accéder au contenu principal

MONSTER STORY - SUBWAY SECT: THE EARLY DAYS

L'histoire de Subway Sect commence en juillet 1976, à Londres. Vic Godard (guitare), Paul Myers (basse) et Robert Symmons (guitare) forment leur groupe après avoir vu les Sex Pistols en février au Marquee et en avril au Nashville Rooms. Ils sont toutefois principalement influencés par Bowie et la Soul 60's à ce moment-là. Leur premier chanteur, Paul Packham passe à la batterie et Vic Godard délaisse temporairement la guitare pour se consacrer au chant. Paul Smith remplace Packham courant août et le groupe base son jeu sur ses influences U.S., 13th Floor Elevators, Velvet Underground, Modern Lovers. Bien que Godard et ses complices aient été très marqués par les concerts des Sex Pistols, ils souhaitent adopter un look simple, des vêtements noirs comme ceux portés par le Velvet, par exemple, et une musique minimaliste opposée aux bases Rock N'Roll avec solo, pont, break, etc. Le nom du groupe, Subway Sect, vient de la station de métro d'Hammersmith qu'ils empruntent très souvent. 

Malcolm McLaren, le manager des Sex Pistols, les croise au concert des Ramones, à la Roundhouse. 

Vic Godard: Rob avait un T-shirt avec « Subway Sect » griffonné dessus. Quand les Ramones ont joué au Roundhouse pour la première fois, il l'a porté et Malcolm lui a demandé s'il avait un groupe. Ensuite, nous avons eu une réunion avec lui et il a dit qu'il viendrait nous voir répéter. Nous étions tous au chômage et nous avons mis notre argent en commun pour faire ça une fois par semaine, pas loin de son magasin. (...) Avant que nous nous en rendions compte, nous jouions au 100 Club Punk Festival. Malcolm nous a dit que son ami Bernard [Rhodes] avait un local de répétition à Camden Town, donc nous pouvions l'utiliser gratuitement tant que les Clash n'étaient pas là. C'est comme ça qu'on a commencé à soutenir The Clash.

Début août, Subway Sect s'installent au Rehearsal Rehearsals, la salle où Clash répètent la journée. Ils y viennent donc le soir, mais ne travaillent pas beaucoup d'après leur ami et roadie surnommé 'Baker': 

Le soir, c'était au tour de Subway Sect de répéter jusqu'à ce qu'ils en aient assez. Parfois, Sid Vicious, Glen Matlock ou Mad Jane traînaient dans les parages et les répétitions n'étaient pas nombreuses. Paul Simonon s'amusait souvent avec des pistolets factices, ou bien il répétait ses lignes de basse ou cassait quelque chose. Je m'occupais à réparer du matériel, à récupérer des pièces de rechange ou à passer au pub pour une pinte et un paquet de chips.


Subway Sect à Rehearsal Rehearsals. Photo BR
Alors que la date du 20 septembre approche, ils commencent à prendre les choses au sérieux et préparent un set assez court. La légende raconte que McLaren impose des répétitions de 12 heures le samedi et le dimanche précédant la soirée au 100 Club, ce qui paraît peu probable car
The Clash ont aussi besoin de répéter et même si les amphétamines aident à tenir éveillé plusieurs jours, on peine à imaginer Subway Sect se mettre soudain à passer des nuits blanches à répéter. Cette légende est certainement une confusion avec l'investissement personnel de McLaren quand le groupe s'est formé en juillet. Dans le livre England's Dreaming de Jon Savage, Vic Godard explique: au tout début, Malcolm (McLaren) a payé nos répétitions dans un endroit appelé Manos, à Chelsea. Il voulait avoir autant de groupes que possible (pour le 100 Club Punk Special). Quand il est venu nous voir la première fois, il a trouvé qu'on était si mauvais qu'il n'y avait aucune chance pour nous d'y arriver. Alors il nous a réservé l'endroit de huit heures du matin jusqu'à sept heures du soir, toute la semaine et il a payé.  

'Baker' confirme que Subway Sect étaient bien à Rehearsal Rehearsals peu de temps avant le concert: 

A mesure que le jour du 100 Club Punk Festival approchait, les répétitions des deux groupes s'intensifièrent sensiblement. The Clash avait déjà enregistré une dizaine de chansons, mais nous n'en entendîmes que des bribes lors de nos allées et venues dans le studio. Leurs répétitions se déroulaient à un rythme soutenu et il ne semblait jamais y avoir beaucoup d'inactivité. En revanche, les 'Subways' avaient composé un set court, de cinq morceaux extrêmement rapides, dissonants et discordants. Ayant grandi avec la musique soul, je n'avais pas l'oreille pour le Rock bruyant et disharmonieux. La guitare aiguë, cacophonique et saccadée et la batterie très basique étaient une agression pour mes oreilles, même si j'appréciais la créativité et la motivation qui se cachaient derrière tout cela. Mais tous les photographes et journalistes qui les ont vus et entendus ont adoré et ont semblé interpréter leur comportement excentrique comme une position anti-rock'n'roll planifiée et mise en scène, donnant leurs propres interprétations de la signification du groupe, dont beaucoup étaient peut-être injustifiées. Cela était sans doute en grande partie dû au caractère de Vic Godard lui-même et à ses paroles pseudo-intellectuelles qui véhiculaient cette image – mais pour moi personnellement, à cette époque, ils n'étaient encore que des camarades de classe, jouant avec des guitares.

100 Club. Photo Ray Stevenson

Le soir venu, ils font un set tout à fait respectable avant Suzie & The Banshees, The Clash et Sex Pistols, malgré un niveau de stress assez élevé. Seulement cinq titres sont joués dont Nobody's Scared, Don't Split It et Out Of Touch. Leur batterie est ensuite utilisée par Sid Vicious pour le set de Suzie & The Banshees. Pour l'anecdote, avant le concert, un problème de sono retarde le soundcheck qui n'a pas lieu à part pour Clash qui fait uniquement White Riot

Après ce premier gig, Bernie Rhodes devient donc leur manager et, bien évidemment, les fait jouer aussi souvent que possible avec The Clash. Paul Smith est remplacé par Bobby Ward à la batterie, les deux groupes se produisent à l'ICA de Londres les 23 et 28 octobre, puis au RCA (Royal College Of Art) le 5 novembre. Le titre US Cunt enregistré ce soir-là est disponible sur la compilation Live And Rare vol. 1. En mars 1977, à Harlesden, Subway Sect se démarquent toujours du son saturé et du look Punk-Rock. 

England's Dreaming: puis, Subway Sect arrive, en noir et blanc. Le guitariste joue le rythme comme une lead guitar, genre Velvet Live 69, la guitare aussi haut que Gerry and the Pacemakers. Le son aigu, comme sorti d'un couvercle de poubelle, accompagne un chanteur immobile.

Les 10 et 11 avril, John Cale se produit à la Roundhouse, Clash, Subway Sect et les Boys sont annoncés mais les deux groupes de Bernie Rhodes ne participent pas, suite - semble-t-il - à un désaccord avec les promoters et John Cale. Generation X prend la place et les Boys sont maintenus. 

Le 27 avril, Clash et Subway Sect traversent la Manche pour jouer au Palais des Glaces à Paris. Le concert est enregistré en douce par Pascal Regoli d'Angel FaceVic Godard utilise de plus en plus la guitare comme aux tout débuts du groupe.

En mai c'est une tournée commune de 25 dates qu'ils partagent avec Jam, Prefects, Slits et Buzzcocks. Le White Riot Tour les amène partout en Angleterre, l'ami de Clash, Don Letts, est là avec sa caméra super 8 et filme Why Did You Shoot Me qui figure dans son documentaire, Punk Rock Movie. On y voit des musiciens statiques, froids, habillés de noir, Godard accroché à son pied de micro, immobile. Le Post-Punk est déjà là. Toujours dans un documentaire, le groupe apparaît en répétition au Rehearsal Rehearsals en 1977 dans Punk In London. Deux titres sont joués live à Rehearsal Rehearsals suivis d'une interview. Enfin, le 25 mai, un concert est filmé à Brighton, University of East Sussex, une partie est disponible sur Youtube. 

Palais des Glaces. Photo P Regoli
Nous voulions sonner comme le Velvet Undeground ou les Seeds, rien de lourd, même de loin (...) Notre guitariste ne tolérait aucune attitude Rock N'Roll macho sur scène (Vic Godard. England's Dreaming)En septembre il est interviewé par Steve Walsh pour Zig Zag. Il déclare: nous haïssons le Rock. Walsh lui répond que c'est négatif de parler ainsi, qu'il ne faut pas dire ça et Vic Godard rétorque simplement qu'ils sont en '77 et qu'il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer non plus... Le 17 Octobre a lieu la première Peel session au cours de laquelle sont joués quatre titres: Chain Smocking/Parallel Lines/Don't Split it/Nobody's Scared. Ils sont diffusés le 24 et malgré toutes les déclarations du groupe s'opposant au Rock, ses chansons sont Rock, Punk-Rock, Post Punk-Rock, ce que vous voulez, mais leur base est Rock.

Des concerts ont ensuite lieu avec Les Lou's que Bernie Rhodes a pris sous son aile depuis le festival de Mont de Marsan, sans pour autant les manager. Il crée également le label Braik Records pour sortir le premier single de Subway Sect, Nobody's Scared. En février, le groupe passe de nouveau à Paris, cette fois-ci sans Clash, il joue au Gibus puis en mai débute l'enregistrement de 18 titres destinés à un album pour Braik Records qui ne verra jamais le jour. 

Un second simple, Ambition, sort en fin d'année chez Rough Trade.

L'histoire raconte que Bernie Rhodes a volontairement retardé sa sortie de six mois pour démotiver le groupe. L'album est prêt mais il cesse de payer tout le monde sauf Godard à qui il propose de travailler seul avec lui. C'est la fin de Subway Sect qui renaît toutefois de ses cendres quelques mois plus tard avec des musiciens différents et un style qui s'éloigne de ses origines. 

De son côté, Paul Myers intègre les Professionals des ex Pistols Paul Cook et Steve Jones et Bobby Ward rejoint Dexys Midnight Runners

Monster On Your Back

Sources:

Facebook (merci Bol Bolito).

Youtube.

England's Dreaming de Jon Savage.

Vic Godard et Paul Myers. Photographe inconnu

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MONSTER STORY - SEX PISTOLS AU LESSER FREE TRADE HALL

En 1976, les Sex Pistols jouent deux fois au Lesser Free Trade Hall de Manchester.  Voici l'histoire de ces concerts accompagnés d'interviews (en anglais) de deux spectateurs, Ian Fawkes et Mick Brophy. Le 4 juin, les Sex Pistols sont invités à jouer à Manchester par Pete Shelley et Howard Devoto, respectivement guitariste et chanteur de Buzzcocks . En panne de section rythmique, le jeune groupe mancunien cède sa place de première partie à  Solstice , une formation Rock très conventionnelle. A l'époque, le punk n'existe pas comme l'explique Devoto : Pete et moi avons vu les Sex Pistols ouvrir pour Screaming Lord Sutch. Le second soir, nous les avons vu jouer avec Mr Big. C'était juste les standards que vous pouviez obtenir dans le circuit universitaire. Solstice n'était pas différent. Il n'y avait tout simplement pas de groupe à mettre ensemble pour une soirée punk à ce moment-là. Ce truc au Lesser Free Trade Hall est parmi les premiers concerts punks*...

MONSTER STORY - THE SEX PISTOLS' SPUNK BOOTLEG

  Spunk : label original SEX PISTOLS : SPUNK  (Blank records, bootleg LP 1977) Les questions posées par les fans et collectionneurs sur les réseaux sociaux m'ont amené à retracer l'histoire du bootleg LP le plus célèbre des Sex Pistols :   Spunk. A l'été 1977, l'album officiel du groupe n'est pas encore sorti et des petits malins - qui possèdent les démos enregistrées par le producteur/sonorisateur Dave Goodman - ne se privent pas pour sortir un des premiers bootlegs du groupe. Spunk  voit le jour en août ou septembre, selon les sources, soit quelques semaines avant l'album  Never Mind The Bollocks . Ce disque est donc un bootleg et n'est absolument pas autorisé, ni par le groupe, ni par son management, même s'il se raconte que le manager Malcolm McLaren n'est pas étranger à l'histoire. D'autres affirment que c'est Dave Goodman, mal payé pour son travail de producteur, qui aurait décidé de se rembourser en vendant cet album.  Original ...

MONSTER STORY : BOOTLEGS !

Les premiers disques bootlegs sont apparus avant la fin des années 60, mais le terme pour les désigner est utilisé à partir de ce moment-là. L'histoire commence vraiment en  août 1969 avec la sortie de  Great White Wonder de Bob Dylan , double LP emballé dans une pochette blanche sans aucune inscription. Cette 'Grande Merveille Blanche' est suivie de près par Live R Than You'll Ever Be des Rolling Stones et Flyer de Jimi Hendrix , arrivés fin 69. Flyer de Jimi Handrix. Pour commencer, précisons les différences entre bootleg, pirate et contrefaçon.  Un pirate est, la plupart du temps, une copie illégale d'un disque du commerce avec une pochette différente et parfois des titres en plus ou en moins. Par exemple, le LP Daydream Nation  de Sonic Youth sorti en Russie sur le label tout aussi pirate AnTrop reprend le recto de la pochette d'origine mais pas le verso. Le nom du groupe ainsi que les titres sont écrits en russe et ce n'est qu'un 33 tours   si...