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Premier LP, On Fyre |
Un très bon début, suivi par le EP Lyres (AHS 1005) en 1981, puis le single I Want To Help You Ann/I Really Want You Right Now et enfin, le premier LP On Fyre qui sort en 1984. Entre temps, beaucoup de changements de personnel, la première année pas moins de huit musiciens se succèdent au point que The Lyres est vu comme le groupe de Jeff Conolly, ce qui est le cas et le bonhomme prend parfois des décisions radicales comme lorsqu'il vire les musiciens qui ne veulent pas d'un second guitariste: Il y avait un moment déjà que j'avais décidé d'amener dans le groupe un type nommé Alex Chronis comme second guitariste. Les autres n'en ont pas voulu et ils boycottèrent les 3 répèt' suivantes, si bien que j'ai dû les virer. Mais ce changement permanent ralentit l'évolution des Lyres puisqu'à chaque fois tout est à refaire, à reprendre depuis le début, les nouveaux arrivants devant apprendre les chansons. Sans m'étendre sur les aller et venues des différents membres du groupe, l'info à retenir est l'arrivée de l'ex Real Kids Howie Ferguson derrière les fûts au début de l'année 1980. De l'aveu même de Mono Mann, Ferguson amène un jeu particulier qui va devenir un temps la marque de fabrique du groupe.
Un peu avant l'enregistrement du EP Lyres (AHS 1005), deux anciens membres de DMZ rejoignent Mono Mann. D'abord, Peter Greenberg (guitare) et ensuite Mike Lewis (basse). Le EP, sous une pochette assez laide il faut bien le dire, est une réussite. Quatre titres de Garage Rock fougueux, vraiment sauvage, à commencer par Buried Alive, assez punk, puis In Motion et High On Yourself, excellentes compositions Garage typiques des 60's et, pour terminer, la reprise des Hangmen, What A Girl Can't Do, qui sonne comme DMZ.
D'ailleurs, ce disque est presque plus celui de DMZ que des Lyres, vu le line-up. Line-up qui va encore changer pour l'enregistrement du premier album en 1983. Peter Greenberg et Mike Lewis sont partis, mais Paul Murphy (batterie) est de retour suivi de près par Rick Coraccio (basse) et Danny McCormak (guitare). C'est ce line-up qui va enregistrer On Fyre, premier album du groupe qui sort en 1984 sur Ace Of Hearts Records. Il s'agit du même label que celui du EP Lyres ou AHS 1005 qui est la référence catalogue du disque devenue le titre parce qu'elle figure sur le recto de la pochette. Pour l'album, la référence est AHS 10005 pour les USA et en France, c'est New Rose qui le commercialise. C'est un chef d'œuvre de Garage Rock, sans exagérer, on y trouve Don't Give It Up Now et Help You Ann, déjà sortis en singles, une reprise de Mickey And The Clean Cuts, une du Pete Best Combo, une autre de New Colony Six, deux des Kinks et six titres originaux des Lyres dont les deux précédemment cités. Dans la grande tradition du revival Garage Rock des années 80, The Lyres ne se privent pas de reprendre des standards des sixties.
Une tournée européenne est organisée en 1984 pour soutenir ce premier album et The Lyres partagent la scène avec les Nomads en Hollande. Nomads qui vont reprendre She Pays The Rent et mettre Jeff Conolly en colère. Dans le fanzine Dig It! il ne cache pas son agacement, trouvant que les suédois ont massacré sa chanson en y ajoutant des cuivres. Pour vous faire une idée, vous trouverez le titre sur les 12" Someone Who'll Treat You Right Now des Lyres et She Pays The Rent des Nomads (la version qui figure sur Some Lyres et Lyres Lyres n'a rien à voir avec celle reprise par les Nomads).
On le sait, Jeff Conolly a une personnalité particulière, dans une émission du Dig It! Radio Show Gildas Cosperec racontait être allé chercher Mono Mann à la gare de Toulouse car ce dernier ne voulait pas voyager en bus avec le reste du groupe et surtout pas avec le tourneur qu'il jugeait totalement incompétent. Le train arrive et Jeff Conolly descend du wagon un verre de vin à la main, des joints de cannabis dans la poche de sa chemise, un brin déchiré. Le gérer jusqu'au concert et surtout après a été un grand moment semble-t-il, mais tout le monde en a gardé un bon souvenir. Autre histoire, dans le numéro 16 du fanzine Dig It!, le 'digger' du Wild Weekend Festival est agacé par le comportement de Mono Mann qui, éméché, se montre capricieux avant de monter sur scène. Malgré cela, le 'digger' promet à une amie fan du groupe de ne pas descendre les Lyres dans sa chronique... mais il ne leur fait pas de cadeau non plus.
Le deuxième album, Lyres Lyres, sort en 1986. Il est aussi bon que le premier, Not Looking Back, No Reason To Complain, Stormy,... du début à la fin rien ne faiblit. Rick Coraccio et Danny McCormak sont toujours là et comme sur On Fyre, on navigue entre compos originales et covers telles que You'll Never Do It Babe des Pretty Things et I Love Her Still I Always Will, du groupe hollandais The Outsiders, au total six reprises sur les douze titres qui composent Lyres Lyres, exactement comme sur le premier album. She Pays The Rent n'a donc rien à voir avec la version sortie en 12" l'année précédente. Jeff Conolly affirme l'avoir écrite pour les groupes scandinaves qui, selon lui, essaient de reprendre les Cramps mais n'y arrivent pas. Décidément, il a une dent contre les formations d'Europe du Nord !
A Promise Is A Promise est différent. Parfois plus moderne, plus Rock que revival Garage 60's pur, ce troisième album est très marqué par la fin des années 80 et par des tentatives de changement de direction. Every Man For Himself rappelle les mauvaises prises de décisions de Clash quelques années plus tôt lorsqu'ils se perdaient entre funk et rap. Malgré tout, ce disque renferme d'excellents morceaux comme Touch, On Fyre ou encore Here's A Heart chanté avec Stiv Bators qui rappelle plus les Beatles que Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich. On trouve également cette reprise sur le 12" w/Stiv.
Le dernier album studio des Lyres sort en 1993 ('92 en Espagne). Happy Now est une déception pour Jeff Conolly, il se confie à Gildas Cosperec pour le fanzine Dig it! lors de la tournée européenne, fin 1993. Le dimanche 10 octobre, les Lyres jouent au Bikini de Toulouse et Gildas réalise l'interview dans l'après-midi: Le dernier album est inachevé, Happy Now n'est pas un vrai album. L’idée de départ était de faire un disque avec les membres originaux, mais au milieu de l'enregistrement, le batteur (P. Murphy) s'est tiré pour aller bosser à la Poste. C'est tragique, pour lui comme pour nous. En tout cas, ce n'était pas les conditions idéales pour enregistrer de nouveaux morceaux. J'ai 37 ans, et si je n'ai pas fait d'enfants, j'ai fait des chansons, c'est aussi important pour moi, et j'aime les surveiller de près, je les sors seulement quand c'est le moment. C'est pour ça qu'il y a tant de covers dans Happy Now. L'interview se déroule très bien et le concert aussi. Jeff Conolly rate son train de six heures, le lendemain matin. Contraint de prendre l'avion pour rejoindre Amsterdam, il a l'élégance d'appeler Gildas Cosperec depuis l'aéroport pour le remercier pour la journée de la veille. Personnage particulier, Mono Mann reste une figure de la scène de Boston et les Lyres un groupe majeur du revival garage des années 80.
Fernand Naudin
Sources:
Archives personnelles
Discogs
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