(Radiation Reissues LP 2025)
Les Slits, c'était la confrontation sur scène et dans la vie privée, des filles qui ne craignaient rien ni personne. Elles ont probablement créé les Riot Grrrls avant l'heure et sans le vouloir. Et sur scène, c'était l'exposition brute d'un style et d'un son révolutionnaire comme en témoigne ce live au Gibus, un document historique indispensable.
Si on me demande de citer un groupe punk anglais minimaliste, je réponds The Slits. Loin de la perfection technique, ces quatre filles jouaient un rock dépouillé, influencé par le Velvet Underground, Lou Reed et tout ce qu'elles avaient pu voir sur scène au début du mouvement londonien. Groupe minimaliste, certes, par la musique, mais elles étaient l'essence même du punk au féminin et carburaient à l'adrénaline d'un rock primal, un rock qu'elles (et d'autres) ont fait renaître, aidées par le célèbre animateur de la BBC John Peel qui a cru en elles, les a faites jouer dès septembre 77 dans les studios de la célèbre radio anglaise et les a invitées à revenir l'année d'après.
Les Slits, c'était la confrontation sur scène et dans la vie privée, des filles qui ne craignaient rien ni personne. Elles ont probablement créé les Riot Grrrls avant l'heure et sans le vouloir. Et sur scène, c'était l'exposition brute d'un style et d'un son révolutionnaire comme en témoigne ce live au Gibus, un document historique indispensable.
Nous sommes en janvier 1978, The Slits débarquent à Paris, elles n'ont pas encore sorti leur album Cut et jouent un punk brut, primal et totalement décomplexé. Elles sont jeunes et ne respectent aucune règle des standards du rock avec solos, ponts et breaks. Elles sont là pour bousculer le public, comme à chaque fois qu'elles montent sur scène. Dès le début du set, Ari Up se déchaine, son chant ressemble presque à des onomatopées, la guitare de Viv Albertine est tranchante tandis que basse et batterie rythment le set de façon quasi robotique, comme des machines, comme si les Slits naviguaient entre post-punk et rock industriel. Ari Up prévient les spectateurs du fond de la salle que la pause bisous est terminée, il faut venir devant, face à elles, au lieu de rester caché dans l'ombre pour s'embrasser. L'enregistrement brut est représentatif du groupe : imparfait, mais terriblement vivant et ce n'est pas qu'un simple album live, c'est le manifeste d'un groupe qui refuse d'être formaté. Les Slits au Gibus en 1978, c'est la liberté totale, loin des codes du rock, elles ne jouent pas seulement de la musique, elles occupent le terrain à tous niveaux, elles sont bruyantes, irrévérencieuses et terriblement attachantes.
Fernand Naudin


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