L'article consacré à Johnny Thunders en France a été beaucoup consulté, je remercie toutes les personnes qui l'ont lu et partagé sur les réseaux. Cela m'a donné envie de chroniquer le livre de Nina Antonia sur les New York Dolls.
Dès l'intro, l'histoire sent le souffre lorsqu'il est écrit que les Dolls ont insufflé la théorie du chaos dans le Rock N'Roll. C'est assez vrai même si d'autres l'ont fait avant eux, notamment les Stones que Johnny Thunders a vu sur scène au Madison Square Garden en 1969. Mais les poupées new yorkaises ont passé la vitesse supérieure et appuyé sur l'accélérateur de la provoc', de la musique Trash. Une musique qui n'est pas ultra produite, un Rock N'Roll sauvage qui revient à ses origines, loin des stades et des palmarès.
Tout commence dans l'enfance de chacun, Sylvain Mezrahi, forcé à l'exil, quitte l'Egypte avec sa famille pour s'installer à New-York où il va peu à peu rencontrer les autres membres du groupe dont John Genzale, d'origine italienne qui grandit dans une famille instable. Peu à peu arrivent les Actress puis les New York Dolls, les premières répétitions, l'ébauche de Jet Boy - sans doute une des meilleures chansons du premier album - dans un appartement, jusqu'à la réalisation du premier album, puis du second. Certains acteurs sont dépeints comme de vrais requins (Leber et Krebs, les managers du groupe), Marty Thau comme un dauphin, d'après Peter Jordan. Thau qui évoque les Dolls comme un groupe drôle, intelligent et sûr de lui lorsqu'il le rencontre pour la première fois dans les loges du Max's Kansas City. Arrive l'histoire d'Arthur Kane blessé à la main par sa petite amie avant de partir en tournée à l'été 1973, blessure qui l'oblige à être remplacé par Peter Jordan lors des concerts, ce qui ne l'empêche pas de rester sur scène pour y faire de la figuration comme cela a été évoqué dans l'interview de Jim Carter à propos du bootleg Dolls Live Dallas '74. Le passage du groupe à Wembley entre les Pink Fairies et les Faces témoigne de l'impact qu'il a eu sur la scène anglaise, notamment sur le jeune Steve Jones, en train de former les Sex Pistols. Les pauvres Dolls se font descendre par Mark Plummer dans le Melody Maker: les New York Dolls ont joué ce qui restera comme l'un des pires concerts que j'aie jamais vu. Ce qui n'est pas l'avis de Jones: les New York Dolls ont joué du Rock N'Roll tel que j'aimais l'entendre. Le public les détestait et s'était mis à leur jeter des trucs dégueus mais ils continuaient à jouer. Ils étaient sublimes, sauvages. Autre histoire intéressante, le concert des Dolls à Memphis où la police et les Mothers Of Memphis font tout pour empêcher que le concert ait lieu. Cela fait une telle publicité au groupe que les places se vendent toutes en un temps record. Lors du concert, la police agresse les fans des premiers rangs pour déclencher une émeute et arrête David Johansen qui fait tout pour la stopper. Johansen qui explique son malaise de devoir aller en cellule habillé en poupée: j'étais assis à l'arrière de la voiture de police, avec les menottes, et j'étais habillé comme - oh, oubliez ça - vous ne voudriez pas aller en prison à Memphis de la façon dont j'étais habillé. Je portais un pantalon Norma Kamali, des chaussures de femme et j'étais là 'oh mon Dieu... je pars en taule'.
Arrive l'épisode Red Patent Leather où on apprend que le groupe n'a pas été relooké par Malcolm McLaren, que c'était une décision des Dolls de changer de fringues et que l'anglais n'a pas eu le rôle qu'il a ensuite prétendu avoir eu. Une légende qui fond comme neige au soleil au fur et à mesure des pages.
Too Much Too Soon est sorti en 1998 chez Omnibus Press, les dernières pages sont consacrées à ce qui s'est passé après le split du groupe, on y apprend que pendant de longues années personne n'a touché de royalties malgré les nombreuses rééditions d'albums. Il a fallu l'intervention de la sœur de Johnny Thunders pour que les choses changent. Il y est également question des Sex Pistols, inévitable parallèle avec les Dolls grâce ou à cause de Malcolm McLaren, de leur 'création' par le rouquin anglais, un terme à prendre avec beaucoup de recul.
Aujourd'hui, le livre est disponible en français chez Camion Blanc et il reste sans doute le meilleur ouvrage consacré aux New York Dolls.
Sylvain Sylvain: il n'y avait rien de comparable à ces mecs lorsqu'ils étaient ensemble pour faire cette chose simple, le Rock N'Roll. Il a changé nos vies.
Fernand Naudin

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