Accéder au contenu principal

MONSTER STORY - SHANE MACGOWAN: PUNK, BONDAGE & NIPPLE ERECTORS


Shane MacGowan est né en Irlande en 1957. Connu du grand public pour avoir été la gueule cassée des Pogues dans les années 80, il a également eu une première vie dans le Londres Punk des 70's.

The Nipple Erectors se forment en 1976 autours de Shanne Bradley et Shane MacGowan qui se fait alors appeler Shane O'Hooligan. 

C'est Shanne Bradley qui est à l'origine du groupe et de son nom. En novembre 1975, elle assiste à l'un des tous premiers concerts des Sex Pistols et craque complètement sur eux. Elle les fait jouer deux fois dans l'université où elle étudie, à Saint Albans dans la banlieue de Londres, et crée le fanzine St Albans Antibof en 1976 avant de rencontrer Shane MacGowan et de monter le groupe. Hormis des répétitions, rien ne se passe jusqu'à la fin de l'année, MacGowan sort beaucoup, se défonce beaucoup et découvre les premiers groupes punks.

Le 23 octobre 76, lors d'un concert de Clash, une fille lui entaille une partie de la joue et de l'oreille avec une bouteille en verre. Le photographe Red Saunders immortalise le moment tandis que le journaliste du NME, Barry Miles, titre 'cannibalisme au concert de Clash' et crée la rumeur qui veut que cette fille ait arraché le lobe de l'oreille de MacGowan avec les dents, ce qui est entièrement faux. L'irlandais apparaît dans la presse nationale pour la première fois à la suite de ce concert.

Mon Dieu, ils se mangent entre eux !

En décembre, les Sex Pistols font la une de tous les journaux suite au scandale chez Bill Grundy et donnent envie au jeune Shane O'Hooligan d'écrire un article à leur sujet. Le premier numéro de Bondage sort le 8 décembre. Un fanzine sans prétention, D.I.Y., six pages recto manuscrites, photocopiées et agrafées dans un angle, tout à fait dans l'esprit de l'époque.

Photo: Sydney O'Meara
On y trouve donc un article sur les Pistols et l'affaire Grundy ainsi qu'une chronique de concert de Eater au Hope & Anchor, une bio des Jam, l'annonce de la 'mutation' de Chelsea en Generation X et un message de MacGowan qui propose à Subway Sect de le contacter afin d'écrire un bel article sur eux, 'pas comme les 2 pages minables dans Sniffin' Glue', précise-t-il. Ambiance... Sur le scandale de l'affaire Grundy, MacGowan écrit: la décence publique est une chose qui n'existe pas (...) les gens n'ont de sens de la décence que celui qui leur est dicté par ITV et les médias en général, ainsi que par EMI.*

Jon Savage: 8.12.76: en route pour aller voir les Damned au Hope & Anchor, j'attrape quelques exemplaires de London's Outrage (...) A l'étage, je parviens à en vendre quelques uns. Il y a deux autres mecs avec leurs fanzines: Adrian et son 48 Thrills et Shane avec l'original de Bondage, conçu sur des morceaux défraichis de feuilles A4. Ça a l'air marrant et comme j'ai la possibilité de faire des photocopies gratuitement, j'accepte de le lui photocopier: les quelques heures de pose déjeuner qui suivent sont passées à échapper aux taxeurs et aux blessures causées par les lames de rasoirs rouillées qui ornent le chef-d'œuvre de Shane.*

Bondage ne dépasse pas le premier numéro car notre 'hooligan' se consacre aux Nipple Erectors, aux sorties dans les pubs et aux concerts punks qui ont lieu à Londres.

En '77, le groupe joue au Roxy, une première fois pour la presse et les maisons de disques et une autre pour le public. Il tourne ensuite ici et là, apparait dans divers fanzines et MacGowan fait même la une de Sounds pour un article intitulé Images of the New Wave. Même si les Nipple Erectors ont été fondés par Shanne Bradley, c'est MacGowan qu'on observe, qu'on photographie, dont on parle. Chaque jour, sa 'gueule' fait la promo du gang de Shanne Bradley.

L'année suivante sort le premier et unique single, King Of The Bop/Nervous Wreck sur le label Soho Records. Un des deux responsables, Stan Brennan, n'est autre que le manager du groupe qui se rebaptise The Nips juste après la sortie du disque qui, de fait, est le seul simple des Nipple Erectors. Il est très bien accueilli par la presse, Sounds en fait des éloges, le journaliste Alan Lewis écrit que c'est 'un disque qui plaira véritablement aux Teds et aux Punks' et c'est vrai car la première face est Rockabilly et l'autre Punk, dans la veine de The NowThe Pigs, etc. Sur la pochette, MacGowan apparaît habillé et coiffé en teddy boy et l'irremplaçable John Peel diffuse les deux faces en mai et juin 1978.

Quelques mois après sort All The Time In The World/Private Eye premier single sous le nom de The Nips. Les deux titres sont composés par MacGowan et le simple sort sur le label Soho de leur manager, comme le précédent. Plus Punk, on retrouve quand même des racines Rockabilly sur la face B. Le 2 novembre 1978, John Peel diffuse All The Time In The World dans son émission.

En 1979 sort le dernier single, Gabrielle/Vengeance. C'est une année de changement, le guitariste Roger Towndrow est remplacé ainsi que le manager. C'est désormais Sophie Richemond, l'ancienne secrétaire de Malcolm McLaren (manager des Sex Pistols) qui s'occupe du groupe tandis que Stan Brennan, l'ancien manager, devient le producteur des Nips.

Le single sort tout d'abord sur Soho, son label, puis Chiswick le réédite. Gabrielle est un titre plus Pop que ce que le groupe avait l'habitude de faire, l'intro est empruntée à Louie Louie, le reste serait presque Power-Pop, comme la face B.

The Nips tirent leur révérence en 1980, année de sortie de leur unique album, Only The End Of The Beginning. Le single Happy Song/Nobody To Love était prévu pour l'année suivante, produit par Paul Weller, grand fan des Nips, il est resté à l'état de test pressing jusqu'en 2001. 

Après le split, MacGowan part ensuite faire la carrière que l'on sait avec les Pogues, et plus tard les Popes. Né dans un milieu modeste, devenu alcoolique très jeune, chanteur de musique folk irlandaise, il reste une figure de l'underground Punk londonien.

Fernand Naudin

* England's Dreaming de Jon Savage. Editions Atlas.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MONSTER CHRONICLES - SLAMDINISTAS : WILD & RESTLESS

SLAMDINISTAS: Wild & Restless (Rum Bar Records LP/CD avril 2025) Je viens de découvrir ce groupe et cet album grâce à... Voix de Garage ! On ne change pas une équipe qui gagne, n'est-ce pas?  Slamdinistas est ce qu'on a coutume d'appeler un 'super band'  formé de musiciens expérimentés issus de Pat Todd And The Rankoutsiders , Chris Spedding , The Dogs  ou encore Jail Guitar Doors . La collaboration de ces solides gaillards aboutit à un disque au spectre très large. On y trouve du Glam U.S. comme il se faisait dans les années 80, du Punk, du Rock 'californien' qui chauffe comme le soleil sur Pacific Beach et même un titre avec une bonne grosse basse Funk,  Latch Key Kids , qui rappelle beaucoup ce que faisait Paul Simonon avec  The Clash  et les Stones période Some Girls . Du Funk-Rock, si on peut appeler ça ainsi. Et du Rock, il y en a beaucoup dans cet album, suffisament pour y trouver des ressemblances avec  Social Distortion , Ravagers , Neu...

MONSTER STORY - NEW RACE LIVE IN AUSTRALIA

Après la dissolution de Radio Birdman en 1978, les fans n'ont plus grand chose à se mettre dans les oreilles... En 1980,  Deniz Tek et Rob Younger se voient bien reprendre du service sans pour autant reformer leur groupe. L a sortie de Living Eyes , album posthume, est prévue pour l'année suivante et l'idée de rejouer ensemble est suggérée par Angie Pepper, épouse de Deniz Tek à l'époque. Un nouveau groupe et une tournée australienne correspondraient parfaitement avec l'arrivée de Living Eyes dans les bacs des disquaires. Deniz fait alors le tour de ses connaissances pour trouver des musiciens susceptibles de rejoindre le projet.  Dennis 'Machine Gun' Thompson, ex batteur du MC5 et Ron Asheton, guitariste des Stooges à la retraite, répondent présents. Au début, Scott Asheton est pressenti pour assurer la batterie mais en 1980, il joue encore avec Sonic's Rendezvous Band ce qui oblige son frère Ron à contacter Dennis Thompson pour lui proposer la pla...

MONSTER STORY - THE SEX PISTOLS' SPUNK BOOTLEG

  Spunk : label original SEX PISTOLS : SPUNK  (Blank records, bootleg LP 1977) Les questions posées par les fans et collectionneurs sur les réseaux sociaux m'ont amené à retracer l'histoire du bootleg LP le plus célèbre des Sex Pistols :   Spunk. A l'été 1977, l'album officiel du groupe n'est pas encore sorti et des petits malins - qui possèdent les démos enregistrées par le producteur/sonorisateur Dave Goodman - ne se privent pas pour sortir un des premiers bootlegs du groupe. Spunk  voit le jour en août ou septembre, selon les sources, soit quelques semaines avant l'album  Never Mind The Bollocks . Ce disque est donc un bootleg et n'est absolument pas autorisé, ni par le groupe, ni par son management, même s'il se raconte que le manager Malcolm McLaren n'est pas étranger à l'histoire. D'autres affirment que c'est Dave Goodman, mal payé pour son travail de producteur, qui aurait décidé de se rembourser en vendant cet album.  Original ...

BLOGS ET PODCASTS