MONSTER STORY : SAN FRANCISCO STILL DOOMED - PUNK 1973-1979


 Design James Stark

SAN FRANCISCO'S STILL DOOMED : le Punk à San Francisco 1973-79

On le sait, aujourd'hui, le CBGB's et Richard Hell n'ont pas l'exclusivité de l'éclosion Punk, phénomène apparu en même temps un peu partout à travers le monde, et notamment sur la côte ouest des USA.

San Francisco, début des 70's, comme ailleurs, des jeunes fans de Rock s'ennuient, les groupes de stades et leurs chansons de 10 minutes ne correspondent pas à ce qu'ils attendent et leurs héros passés ont soit disparu, soit adopté un style musical qui ne leur convient plus. 

The Tubes se forment en mars 1972, leur Glam légèrement 'décadent' attire un certain public en manque de Rock N'Roll mais de l'aveu de Jeff Olener (The Nuns), ils ne sont pas assez progressistes et il manque une vraie scène Rock à San Francisco, avec de vrais groupes du genre.

En 1973, Danny Sego, Bob Banks et Bob Moselle montent La Rue, un nom choisi étonnamment en français pour montrer 'la voie à suivre'. Ils louent un entrepôt sur Folsom Street pour y répéter et peu à peu, l'endroit est utilisé pour les concerts, puis devient le local de répétition d'autres groupes. La Rue revient aux sources du Rock qu'il joue brut, ce qu'on appellera ensuite le Proto-Punk, étiquette aujourd'hui fourre-tout qui désigne les groupes dont le Rock dur, basique et énergique permettra au Punk d'éclore. La Rue reprend Sweet Jane de Lou Reed et dans sa chanson Clowns, qui sort en single auto-produit en 1977, on trouve des bases Punk-Rock dans un habile mélange de Jerry Lee Lewis et des Stooges.

Peu après la formation de La Rue, vers 1974, Johnny Strike et Frankie Fix montent un groupe nommé The Bloody Children. Strike a biberonné aux SonicsCount Five et tout ce qui sonne Psychedelic et Garage Punk. Estimant, lui aussi, qu'il n'y a pas de vrai groupe de Rock N'Roll à San Francisco, il se lance dans l'aventure avec Frankie Fix et un bassiste fraîchement recruté, Ron Greco, surnommé Ron The Ripper, qui n'est autre que le premier batteur des Flamin' Groovies. The Bloody Children deviennent Space Invaders puis Crime, avec l'arrivée de Ricky Tractor derrière les fûts. Ils enregistrent quelques titres début 1976 et sortent un premier single entièrement auto-produit, Hot Wire My Heart/Baby You're So Repulsive sur leur propre label, créé pour l'occasion, Crime Music. Cela fait de Crime le premier groupe Punk US totalement indépendant, juste avant La Rue. Ricky Tractor est remplacé par Brittley Black l'année suivante puis Black cède sa place à Hank Rank jusqu'en 1979 avant de revenir en 1980 pour le simple Gangster Funk/Maserati. 

Le second single, Frustration/Murder By Guitar sort en 77, toujours sur le label Crime Music

Crime s'autoproclame 'premier et seul groupe Rock N'Roll de San Francisco', considérant qu'il n'est pas Punk. Pourtant, il va utiliser toutes les ficelles de ce style en pleine ébullition. Rock simple et brut, visuel ultra provocateur, tenue cuir gay ou uniformes de policiers, affiches de concerts avec photo d'Adolf Hitler, swastika en pendentif, et surtout, il va peu à peu se fondre dans la masse en jouant avec les autres groupes punks locaux, comme The Nuns qui se forment sensiblement en même temps autours d'Alejandro Escovedo et Jeff Olener rejoints peu après par Jennifer Miro. Au début, les Nuns vont essentiellement jouer au Mabuhay Gardens, seule boîte adaptée à leur style qui accueille peu à peu d'autres gangs de Punk-Rock. Ils sortent un premier EP en 1977, Decadent Jew/Savage/Suicide Child (415 Records) puis font la première partie des Sex Pistols au Winterland de San Francisco le 14 janvier 1978, ce qui leur permet de mieux se faire connaître. Ils enregistrent une maquette pour CBS et sortent finalement le single The Beat/Media Control, sur leur propre label Nuns Records, en 1979, année de leur séparation. 

Fin avril 1980, le groupe accepte de se reformer le temps d'enregistrer un album, c'est-à-dire pendant une semaine environ au cours du mois de mai. Alejandro Escovedo ne participe pas à l'enregistrement. Le disque sort la même année chez Bomp.

1980, déjà ces pionniers n'existent plus, tout comme Avengers formé début 1977 par le guitariste John Ingraham et Daniel O'Brien, futur batteur des Blackhearts de Joan Jett. Penelope Houston les a rejoint comme chanteuse et Jimmy Wilsey remplace un premier bassiste resté quelques mois seulement. Daniel O'Brien prend le pseudonyme de Danny Furious et le groupe débute sur la scène du Mabuhay Gardens de San Francisco au printemps 77. Le premier concert identifié date du 11 juin. Ils sortent un premier EP sur le label Dangerhouse au mois de Décembre, We Are The One/I Believe In Me/Car Crash et font, eux aussi, la première partie des Sex Pistols au Winterland aux côtés des Nuns. Steve Jones, guitariste des Pistols, flashe sur Avengers (à moins que ce soit uniquement sur Penelope Houston?). Des répétitions ont lieu avec lui, suivies de sessions studio. Jonesy produit quelques titres en octobre 78 et en partage un avec AvengersSecond To None, qui devient 1,2,3 pour les Professionals, le groupe créé avec le batteur Paul Cook après le split des Sex Pistols. Un second EP sort en 1979, après la séparation du groupe, sur White Noise Records. Trois titres sur les quatre ont été enregistrés et produits par Jones en 1978: The American In Me/Uh Oh!/White Nigger (ces versions sont différentes de celles qui figurent sur l'album posthume de 1983, baptisé Pink album à cause de la couleur de sa pochette). Greg Ingraham quitte le groupe peu après et Brad Kent de D.O.A. le remplace. Il enregistre Corpus Christi début 79 qui devient le quatrième titre de ce E.P.

Le dernier gig d'Avengers a lieu le 13 juin 1979 au Old Waldorf de San Francisco. L'enregistrement est officialisé en 2003 par le label Get Back. 

D'autres groupes suivent 'la voie' de La Rue, notamment The Mutants formés fin 77, Dead Kennedys avec Jello Biafra, qui arrivent l'année d'après, Grand Mal embryon de The Offs, The Insluts et Negative Trend. Certains viennent s'installer à San Francisco comme Germs et Dils, originaires de Los Angeles, ou Screamers de Seattle, que Penelope Houston aide à se faire connaître. 

Le photographe James Stark a vécu les choses de l'intérieur, il a interviewé et photographié les principaux groupes. Son travail figure dans le livre Punk '77 (éditions REsearch) réédité plusieurs fois. Il a également sorti un livre entièrement consacré à Crime à travers une centaine de photos. 

S'il a existé - et existe encore - une multitude de groupes Punk sur la côte ouest des États-Unis, ceux dont il est question ici ont bâti les fondations à San Francisco, au même titre que les Ramones et les Heartbreakers de Johnny Thunders l'ont fait à New York, Sex Pistols et Clash à Londres, Saints à Brisbane, etc. Les médias les ont simplement "un peu" oubliés, pour ne pas dire méprisés. Ce qui les différencient des autres, c'est ce côté éphémère (comme les Sex Pistols) ainsi qu'une discographie très limitée, puisque sur la période 73-77, aucun n'a sorti d'album, seulement quelques singles et EP avant de splitter (pour se reformer, parfois, plus tard). Finalement le Punk n'était-il pas là pour ça? Venir remettre les compteurs du Rock à zéro et disparaître. 

Fernand Naudin 



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