Ces groupes ont une influence énorme sur les futurs punks anglais mais aussi américains. Jeff Magnum des Dead Boys cite volontiers Slade Alive parmi ses disques préférés et en 1977, Joey Ramone se fait photographier avec un t-shirt Slade Alive, fan également du groupe et de cet album en particulier.
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Photo FB |
Ed Banger des Nosebleeds: On était Glam-Rock, on allait voir Slade, David Bowie et T-Rex à l'époque. C’est pourquoi nous avons pris des guitares et j’ai appris à jouer parce que vous voulez imiter vos héros, n’est-ce pas ? Mike Rossi de Slaughter and the Dogs a reçu la première guitare. Il était en avance sur le truc. Mon frère jouait de la guitare, il était plutôt fan des Rolling Stones et j'ai appris un peu de lui. J'étais à l'école avec Toby et Pete (...) C’est ainsi que nous nous sommes formés. Notre premier concert a eu lieu à la discothèque de l’école, en 1974. Nous jouions du Slade et du T-Rex – un peu de tout en fait – nous nous appelions Solid State. Je l’avais vu sur l’ampli et je pensais 'ça fera l’affaire'. Nous n’avions pas beaucoup d’imagination à l’époque ! Nous avons changé pour Ram d'après l’album de Paul McCartney. Nous avons commencé à créer des clubs sociaux et tout le reste et nous avons continué à nous faire rejeter. Jusqu'à ce que nous soyons bons. C’était ce circuit pub rock.
Certes, pour quelques groupes, en 1974 ou 75, il n'y a guère que le circuit des pubs pour jouer, mais l'influence musicale sur le Punk à venir n'est pas le Pub-Rock contrairement à ce qu'on peut lire ou entendre ici et là, c'est le Glam et le Rock 60's. A Londres, les choses sont vite vues, dès 1975 les Sex Pistols allument la mèche qui va faire exploser le Punk anglais. Ils optent pour des concerts dans les universités, Johnny Rotten et le manager Malcolm McLaren ont horreur du Pub-Rock, même si Rotten admet avoir été impressionné par Wilko Johnson lors d'un concert de Dr Feelgood. Cela permet aux fervents défenseurs du Pub-Rock d'affirmer que le Punk vient du Pub-Rock et que si le 'pourri' a toujours les yeux grands ouverts, c'est pour copier Wilko, oubliant ainsi que le même 'pourri' a des problèmes de vue suite à une vilaine méningite attrapée lorsqu'il était enfant... et qu'il est un gros consommateur d'amphétamines ce qui provoque des troubles de la vision.
Réellement, les influences des Pistols sont essentiellement le Rhythm n'Blues anglais des Mods 60's, le Glam-Rock de Bowie et Mott The Hoople, les Stooges et les New York Dolls.
Certes, le Pub-Rock est déjà là avant les premiers accords de guitares Punk, mais il ne compte pas comme une influence, au contraire. La rupture entre Pub-Rock et Punk-Rock se fait le jour du concert des Sex Pistols au Marquee, début 1976, lorsqu'ils ouvrent pour Eddie & The Hot Rods. Ils se prennent la tête avec des beaufs qui leur reprochent de ne pas savoir jouer, Rotten se moque d'eux, jette une chaise ou deux à travers la salle et saccage les retours des Hot Rods. Le journaliste du NME, Neil Spencer, écrit un article élogieux sur les Pistols sans un mot sur Eddie & The Hot Rods qui voient désormais d'un très mauvais œil ce nouveau groupe et le genre musical qui va avec. Quarante ans après, la blessure est encore là, dans un livre consacré aux festivals de Mont de Marsan de 76 et 77, le chanteur Barrie Masters prétend avoir giflé Rotten lors de ce concert, anecdote dont jamais personne n'avait parlé jusqu'alors...
De leur côté, les Sex Pistols et leur management font désormais tout pour empêcher leur entourage d'aller voir les Hot Rods live. Ambiance !
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L'article de Neil Spencer |
Joe Strummer à propos du concert des Sex Pistols au Nashville Rooms en première partie des 101'ers: ils ont fait Stepping Stone qu'on jouait aussi, mais ils avaient des années lumières d'avance sur nous. La différence, c'est qu'on jouait Route 66 pour les alcoolos du bar dans l'esprit 's'il vous plait, aimez nous'. Mais là, il y avait ce quartet qui semblait dire: 'on en a rien à secouer de ce que vous pensez, bande de cons, c'est ce qu'on aime jouer et c'est comme ça qu'on va le jouer'. Ils venaient d'un autre siècle, ça m'a mis la tête à l'envers. Ils en avaient honnêtement rien à foutre, le public était sous le choc.
Bazooka Joe, formation Rockabilly revival habituée aux pubs, se désintègre à la suite d'un concert avec... les Sex Pistols. Certains de ses membres s'en vont rejoindre ou former les Vibrators, Adam & The Ants, et une fois encore le look et le genre musical change. The Jam, groupe Rock formé par Paul Weller en 1972, surfe sur la vague Punk, bien qu'il joue plutôt un R&B survitaminé et que ses influences se situent plus du côté du Boogie-Rock de Status Quo, du Glam et des Who que de Dr Feelgood ou Eddie & The Hot Rods. Les Stranglers aussi musclent leur Pub-Rock pour en faire une sorte de Punk psychédélique. Lorsque les futurs Buzzcocks, Devoto et Shelley, font jouer les Sex Pistols (oui, encore eux) à Manchester pour la deuxième fois, en juillet 1976, Slaughter And The Dogs fait la première partie et joue un Rock assez Glam très influencé par l'album de Mick Ronson, Slaughter On 10th Avenue, et celui de Bowie, Diamond Dogs, d'où le nom du groupe. Après ce concert, ils virent Punk-Rock mais leurs racines sont Glam.
Au 100 Club de Londres, les Damned montent sur scène avec un chanteur fan de T-Rex maquillé et reprennent Circles des Who en y mettant plus de nerfs. Ils ne cherchent pas à refaire l'original, quel intérêt? Le Punk puise l'énergie et l'outrage dans le Rock 50's, les groupes Mods 60's et le Glam amenant ainsi quelque chose de nouveau, de plus scandaleux, de plus provocant que le Pub-Rock qu'il rend finalement complètement ringard avec ses cheveux longs, pattes d'éléphants et bretelles.
Quant à la légende sur les Ramones comme détonateur du Punk anglais, elle n'est qu'à moitié vraie car si le premier album a beaucoup plu aux jeunes anglais, il ne faut pas oublier qu'il est sorti fin avril 1976 aux USA et le temps qu'il arrive à leurs oreilles, The Clash faisaient déjà la première partie des Sex Pistols à Sheffield le soir même où les faux frères new-yorkais jouaient à la Roundhouse de Londres.
Monster On Your Back
Sources:
Internet
England's Dreaming (Jon Savage)
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